À propos de cette édition

Éditeur
L'instant même
Genre
Hybride
Longueur
Recueil
Format
Livre
Pagination
152
Lieu
Québec
Année de parution
1990
ISBN
9782921197045
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Ce recueil, sans table des matières, comprend 86 textes sans titre…

[13 FA ; 73 HG]
La nuit tombait…
J'avais eu raison de continuer…
Dans le parc…

Mon père me dit…
Un vaste éclair rose…
Il avait cru…
Il ne s'en aperût pas tout de suite
J'avais constitué de volumineux dossiers…
Quand je lui demandai…
Il avait ensuite appris…
J'avais déjà réalisé…
On entendait les roulements du tonnerre…
Il y avait des armes
Était-elle femme ou oiseau ?
Il faudrait repérer le point…
Il y a un fauteuil…
Nous avions commencé notre étude…
Ça a été très compliqué
Nous étions rassemblés…
Il avait été engagé pour cela…
J'étais décidé…
La police décréta dans tout le pays…
On en avait signalé aux environs…
Chaque fois que je tourne…
Ensuite il avait été conduit dans cette cellule souterraine…
Était-ce l'aube, était-ce le crépuscule ?
Il lui fallait en convenir…
Je ne sais pas pourquoi…
Je flânais dans ces vieux quartiers…
D'abord les chiens…
Depuis le moment…
Il était parti…
Pour me rejoindre…
Quand je l'ai pris dans mes mains…
Je m'apprête à partir
Les gardes couraient…
Je ne l'avais pas vu arriver
Pendant des années…
Une fois de plus…
Que fallait-il…
J'étais venu revoir…
Le jeune père…
J'essayai donc…
Je tournai la clef…
C'était peut-être là…
On m'avait conseillé…
Je descendais…
La visite se poursuivait…
Quelles étaient ces secousses…
J'aurais aimé…
Le pays…
C'était un cirque de quatre sous…
Je ne sais plus que faire
J'entrai dans la boutique…
Avec qui…
Jeux de société…
C'était lui…
J'avais nagé longtemps…
Gérer…
La façade avait été refaite…
J'arrêtai mon automobile…
Il plut…
Je l'avais connue…
Rassemblé dans la salle d'exposition…
En déambulant par les rues…
Oriane avait encore fait des siennes
Chaque fois que j'ouvrais la porte…
Jadis fut l'époque des roues…
Il me veut tout entier
Soudaine dans la pièce voisine…
La foule s'était répandue…
Comme à la fin…
Mon ami avait apporté…
Ils ont leur casquette…
Il est nouveau, celui-ci…
Il était à demi couché…
J'ai bien flâner dans les ruelles…
J'avais pris place…
Une plaine d'herbages…
Quand il voulait échapper aux ténèbres…
Sur les tablettes…
La fortune de mon maître…
J'attendais…
Une fois encore…
Derrière les nuages sombres…
Les nuages se tenaient immobiles…

Commentaires

Voilà un livre dont on a dit énormément de bien, ces temps derniers. À un point tel qu’il est délicat d’émettre un autre son de cloche (pourtant, ne trouvez-vous pas un peu agaçante cette unanimité de la critique ?). Loin de moi l’idée de nier l’intérêt du recueil de proses narratives de Roland Bourneuf – mais, autant afficher d’emblée mes couleurs, la lecture de Mémoires du demi-jour ne m’a pas laissé en pâmoison, au contraire. Tout l’intérêt de ce livre tient à mon sens à ces sempiternelles interrogations qu’il soulève sur les conceptions diverses (toutes valables, je suppose) qu’on peut avoir de la littérature et de l’art narratif.

La nouvelle connaît depuis quelques années au Québec une popularité phénoménale – chez les auteur(e)s et le happy few, à défaut de l’être chez le grand public. On va répétant qu’elle est un genre parfaitement adaptée à notre rythme de vie haletant, et on en publie à la tonne, en revue, en collectifs, en recueils, etc. En pleine effervescence, le genre n’a pas pour l’instant de denominazione controlata – ce qui permet d’affubler tout et n’importe quoi de l’étiquette « nouvelle ». On s’entend pourtant pour reconnaître deux tendances principales en forme narrative brève : la « classique » qui procède de motifs dramatiques et d’éléments d’action menant vers une chute parfois inattendue et ironique (l’écriture de l’aventure) ; la « minimaliste », dépouillée de structure dramatique, où s’étalent états d’âmes et perceptions de la réalité, où la forme prime sur le fond (l’aventure de l’écriture). La seconde tendance – la seule vraiment littéraire, au dire de certains spécialistes –, se réclame de la « modernité », « postmodernité », qu’importe, et des fragments narratifs laissés inachevés par Kafka ; elle propose des bouts de récits, des textes délibérément incomplets, remplis de non-dit (on m’excusera l’antinomie de la formule), de silences et d’espaces-pour-rêver que lecteur aura soin d’investir de son propre imaginaire. Bref (car il est important de faire bref), du récit-par-numéro, de la littérature-IKEA – à assembler soi-même.

C’est dans cette lignée que s’inscrit le livre de Bourneuf. Il rassemble dans ses cent cinquante et quelques pages une centaine de ces « instantanés » dont aucun ne porte de titre (l’effet du non-dit, sans doute), regroupés en quatre parties de longueur inégale. Tous autant de moments « arrachés » à des histoires dont l’auteur nous laisse le loisir de deviner le début ou la fin, parfois les deux. Parfois, ces Mémoires du demi-jour prennent l’allure des souvenirs évanescents que l’on garde à la sortie d’un rêve agité et portent la griffe du fantastique ; ailleurs, elles ressemblent à de simples notes griffonnées à la hâte dans un journal intime, inintelligibles à quiconque en dehors du diariste. Il va sans dire que si le style, lui, est toujours impeccable et cristallin, les fragments ne sont pas d’un intérêt constant. Certains, la plupart appartenant aux champs traités ici, nous subjuguent par leur seule puissance onirique : celui du collectionneur de mots [p. 26-27] qui m’a rappelé un texte de Jack Finney ; celui où un archéologue est surpris par un monstre, peut-être le Minotaure des mythes antiques [p. 36-37]. D’autres textes, trop nombreux, tour à tour ennuient, laissent froid ou exaspèrent par la banalité de leur propos et/ou leur hermétisme. À force de vouloir faire « mystérieux », on n’y raconte plus rien (l’effet du non-dit, encore).

Pourtant, des trouvailles, ce livre en est plein – à n’en pas douter ! On y trouve des images saisissantes qui nous laissent bouche bée devant le talent, la vision de l’auteur. Mais, à ma connaissance, ce ne sont pas les images et les symboles qui font la littérature mais la littérature qui use des images et des symboles. On le constatera aux synopsis qui suivent, résumer ces « fragments narratifs » relève du tour de force puisque les œuvres elles-mêmes ne sont guère plus longues et que l’accent n’y est pas mis sur l’intrigue. Somme toute, l’amateur d’atmosphère et d’évocations y trouvera plus aisément son compte. J’ai évoqué plus haut les deux tendances qui marquent la pratique de la nouvelle. Personnellement, je suis d’avis que la nouvelle idéale devrait pouvoir combiner les deux : une histoire solide, servie par un style sûr, qui ne sacrifie pas l’intrigue à l’écriture ou vice-versa. Ailleurs dans ces pages, je commente deux textes (comme par hasard, également publiés chez L’instant même) qui m’ont semblé plus proches de cet idéal. Mais encore, qu’est-ce que j’en sais, moi… ? [SP]

  • Source : L'ASFFQ 1990, Le Passeur, p. 34-37.

Références

  • Côté, Lucie, La Presse, 30-09-1990, p. C3.
  • Dufour, Geneviève et Audet, René, Dictionnaire des œuvres littéraires du Québec VIII, p. 545-546.