À propos de cette édition

Éditeur
Le Palindrome
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
L'Horreur est humaine
Pagination
231-248
Lieu
Québec
Année de parution
1989
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Après la mort de Frederick, vieil ami anglais qui représentait pour elle « une porte ouverte sur les îles britanniques », une jeune femme se rend en Angleterre pour honorer son souvenir. Durant sa traversée de l’Atlantique en bateau, puis plusieurs fois après son arrivée, elle croise différents jeunes hommes possédant tous le même regard. Elle prend peur et ose à peine poursuivre ses activités touristiques.

Commentaires

Il était presque inévitable que le collectif d’horreur publié par Le Palindrome contienne un récit évoquant l’Angleterre mythique. Comment faire fi, en effet, d’une aussi grande portion des racines communes à ce genre littéraire ? Le pays auquel rêve la narratrice de « Mes Amis d’An­gleterre » est brumeux et froid, habité par les fantômes de ces écrivains qui avaient trempé leur plume dans l’encre noire du gothique. Les références à ces auteurs sont surtout implicites, mais elles sont là, en filigrane. Et l’on se dit que même John LeCarré ou P. D. James, qui ne sont pourtant pas des écrivains du fantastique, s’inscrivent aujourd’hui dans une certaine tradition à cause de l’atmosphère qui se dégage de leurs récits.

Dans le texte de Christiane Lahaie, la volonté d’évocation est évidente, mais pas assez forte pour que l’effet soit réussi. Ce récit est trop court, les événements s’y déroulent trop vite. Et ils sont si rares, ces événements, et si banals qu’on ne comprend pas bien pourquoi la protagoniste s’effraie autant. À moins qu’elle ne soit vaguement psychotique de nature, ce à quoi l’auteure ne nous avait préparés d’aucune façon. Mais si l’intention de Christiane Lahaie était de tisser une atmosphère angoissante qui explique­rait les perturbations de l’héroïne, alors là, c’est raté.

Dans la scène finale, tous les jeunes hommes qui l’avaient troublée du­rant son séjour réapparaissent à la narratrice, au moment où elle se penche sur la tombe de Frederick. En même temps qu’elle, on est censé com­prendre. On ne peut pourtant qu’interpréter. Ces Anglais aux yeux clairs seraient-ils des projections de l’âme du disparu, des messages amicaux envoyés par-delà la tombe ?

Si Christiane Lahaie a un indéniable talent pour écrire, ses faiblesses se situent au niveau du récit et des réactions intérieures de ses personnages. Une évolution semble toutefois se dessiner par rapport à ses textes antérieurs. À suivre. [DC]

  • Source : L'ASFFQ 1989, Le Passeur, p. 104105.