À propos de cette édition

Éditeur
La Minerve
Genre
Fantastique
Longueur
Feuilleton
Paru dans
L'Album de la Minerve, vol. II, n˚ 5
Pagination
71-73
Lieu
Montréal
Date de parution
30 janvier 1873

Résumé/Sommaire

Une petite fille capricieuse, Sophie, compromet malencontreusement l’expérience que mène un vieux savant malveillant qui demeure à proximité de chez elle. Furieux, le sorcier la change en chatte et la condamne à cette existence jusqu’à ce que quelqu’un prononce les paroles qui pourraient rompre le sort : « Sophie, je te pardonne ! » La chatte trouve refuge chez une jeune fille qui habite près de la maison paternelle désertée par la famille éprouvée par la disparition de Sophie. Celle-ci s’ingénie à attirer les foudres de sa maîtresse afin de recevoir par après son pardon mais rien n’y fait. Il faudra un incident malheureux dont la chatte est responsable, puis un geste témoignant de sa présence d’esprit, pour que la fillette soit enfin délivrée de son mauvais sort et rendue à sa mère éplorée.

Commentaires

L’auteur étant anonyme, je le soupçonne d’être Français ou d’origine française pour diverses raisons. D’abord, le récit se déroule à Paris, ce qui n’est pas fréquent dans la littérature d’alors. En outre, la thématique et les préoccupations ne sont pas celles que l’on retrouve dans les contes littéraires canadiens-français. Il est rare en effet que les textes fassent appel au merveilleux sans qu’il y ait trace de la présence divine.

Ici, il s’agit d’une histoire de magie et de métamorphose qui n’a rien à voir avec les histoires de loups-garous. Il y a bien une morale qui est transmise par le texte mais elle n’a aucun caractère religieux. Elle a plutôt valeur d’une leçon de comportement, Sophie étant punie pendant un certain temps en raison de sa trop grande coquetterie.

La trame de « La Métamorphose » est finalement mince. Si l’auteur parvient à étirer le récit sur plusieurs pages, c’est qu’il fait du remplissage. Il y a donc de nombreuses longueurs. De plus, la psychologie des personnages souffre d’une grande incohérence et les bons sentiments contribuent à faire ressortir la naïveté de certaines situations. Ainsi, quand la jeune fille prépare graduellement Mme Epernay à l’annonce de l’heureuse nouvelle que Sophie a été retrouvée saine et sauve, on se dit que sa prévenance excessive a quelque chose de sadique.

« La Métamorphose » comporte une autre particularité étonnante : ce conte met en scène un monde de femmes, un véritable gynécée dans lequel l’homme est étrangement absent. En fait, le seul homme du récit est un savant qui entretient de noirs desseins et il est malheureusement vite écarté. Cela limite singulièrement le développement fantastique du conte car ce sorcier en constituait l’élément moteur avec son expérience visant à créer une femme avec de la terre, des ossements et de la cendre. [CJ]

  • Source : Le XIXe siècle fantastique en Amérique française, Alire, p. 12-13.