À propos de cette édition

Éditeur
Québec/Amérique
Titre et numéro de la collection
Littérature jeunesse - 3
Genre
Science-fiction
Sous-genre
Voyage dans le temps
Longueur
Novella
Format
Livre
Pagination
88
Lieu
Montréal
Année de parution
1991
ISBN
978890375390
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Le grand-père de Mireille D’Anjou est très malade. Grâce à une machine à voyager dans le temps découverte dans le grenier, Mireille se transporte dans le futur, en 2005, l’année où un savant du nom d’Étienne Garon inventera un médicament qui pourra sauver son grand-père. Mais le monde de 2005 n’est pas aussi accueillant pour une petite fille de dix ans que celui qu’elle vient de quitter : les passants portent des masques pour se protéger contre la pollution de l’air, les maisons ont besoin d’aérateurs et, surtout, dès que tombe le couvre-feu, elle risque de se faire « ramasser » et envoyer au « Centre » rééducatif. Heureusement, il y a Raphaël, Cassandre et Julien, des jeunes fugueurs qui hébergent Mireille dans leur cachette et l’aideront à mener à bien sa recherche.

Or Étienne Garon, l’inventeur du précieux médicament, est un personnage bien antipathique. D’ailleurs, est-ce bien lui qui a fait cette importante découverte ? Ne s’est-il pas plutôt approprié les recherches d’une des chercheuses de l’université, profitant qu’elle soit à l’hôpital à la suite d’un accident de voiture, chercheuse qui n’est autre que… Mireille elle-même, la Mireille D’Anjou devenue jeune adulte en 2005 ? Grâce à l’intervention de la petite Mireille, Étienne Garon sera démasqué en pleine conférence, et Raphaël profitera du brouhaha pour dérober à l’imposteur le flacon de médicament.

Après des adieux à ses amis du futur, ainsi qu’à son double plus âgé, Mireille revient à notre époque… pour découvrir qu’il est trop tard : son grand-père est décédé quelques heures plus tôt. Tout d’abord désespérée, Mireille ne se laisse pas abattre : elle a toujours la machine à voyager dans le temps, n’est-ce pas ? Elle peut donc continuer dans le passé pour convaincre son grand-père de faire attention.

Commentaires

C’est toujours avec une certaine crainte de passer à côté de la cible que je commente un livre pour jeunes, surtout quand celui-ci est ostensiblement destiné à un lectorat aussi jeune que huit ans. Certaines œuvres destinées à la jeunesse sont riches et complexes et permettent suffisamment de niveaux de lecture pour intéresser les adultes. J’aurais tendance à trouver cette littérature jeunesse « meilleure », mais il s’agirait là forcément d’un jugement de valeur d’adulte. Les écrivains ont tout de même le droit d’écrire des romans seulement pour les enfants.

C’est dans cette dernière catégorie que je rangerais Mille baisers, grand-père. Bien que la peine de la petite Mireille à la suite du décès de son grand-père soit assez touchante et traitée avec doigté, je crois qu’il est difficile pour le lecteur adulte de se sentir concerné par les aventures de l’héroïne. L’enchaînement des péripéties présuppose que les adultes sont tous des imbéciles et, à cet égard, la scène de la conférence scientifique au cours de laquelle Garon est démasqué est particulièrement irréaliste. De plus, l’omniprésence des bons sentiments laisse parfois un arrière-goût sirupeux. À l’exception du méchant Garon, tout le monde il s’aime et tout le monde il est ami dans ce roman, au point qu’on se demande pourquoi les parents de Mireille sont séparés. « Mireille est une fillette épanouie car son père et sa mère, en adultes sages, se partagent son affection sans problème. » Pauvres auteurs de livres jeunesse : c’est difficile de mélanger le sentimentalisme de Tante Lucille avec la réalité sociale des jeunes des années 90 !

Que mon ironie ne laisse pas entendre que ce roman n’a aucun mérite. On remarquera par exemple que les éléments de science-fiction sont maniés avec compétence, que ce soit le fonctionnement de la machine à voyager dans le temps ou les détails de l’univers dystopique du Québec de l’an 2005. L’auteure n’invente rien, soit, et elle simplifie tout le concept des paradoxes temporels. Mais il s’agit bien de simplification, pas de galvaudage auquel se livrent d’autres auteurs pour jeunes – rendons justice à Stella Goulet sur ce point. [JC]

  • Source : L'ASFFQ 1991, Le Passeur, p. 85-86.

Références

  • Blais, Marie-Josée, Québec français 83, p. 21.
  • Sarfati, Sonia, La Presse, 21-07-1991, p. C 2.
  • Trudel, Marc-Alexandre, Lurelu, vol. 14, n˚ 2, p. 19.