À propos de cette édition

Éditeur
Solaris
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Solaris 112
Pagination
20-26
Lieu
Ville-Marie
Année de parution
1994
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Le professeur Coleridge est à la tête d’une grande expédition archéologique états-unienne qui va fouiller six tertres pyramidaux enfouis sous la jungle d’une vallée andine. Après avoir prestement « épluché » un premier tertre de sa gangue végétale, on retire la vaste dalle qui lui sert de couvercle et l’on découvre, par dizaines puis par centaines, les momies d’esclaves, de femmes et d’enfants cruellement sacrifiés, dépouilles empilées dans trois salles successives. Des fresques prolixes y font la chronique d’affrontements séculaires entre un peuple de « maîtres » et un autre de serviteurs, sous la coupe du démon Tezcatlipoca, surnommé « le Miroir Fumant ». Une nuit, sous sa tente, Coleridge trouvera la mort – d’une façon atroce – après avoir reconnu sa propre effigie sur une dalle mortuaire verticale faisant en quelque sorte office de « miroir ».

Commentaires

On s’étonne de croiser quelques erreurs de syntaxe dans les premiers paragraphes, puis la perplexité s’approfondit : comment une nouvelle aussi bancale, à l’intrigue aussi rudimentaire, avait-elle trouvé grâce aux yeux de la direction littéraire de l’époque ? Le traitement d’abord naïf de l’archéologie vire rapidement à la farce ; on assiste bientôt à un travail de pillage, où des momies millénaires sont sorties à la douzaine, jetées pêle-mêle à l’extérieur de la pyramide et brûlées en tas – toujours à l’enseigne de l’archéologie. Conclusions expéditives après les premiers constats, interprétation instantanée de fresques et lecture tout aussi facile d’idéogrammes (appelés une fois hiéroglyphes !), visite impromptue d’indigènes costumés dont un Péruvien de l’expédition traduit les mises en garde terrifiées…

Le reste est à l’avenant, mais la facilité s’arrête au seuil de la clarté : même sans les entraves du réalisme ou de la plus élémentaire vraisemblance, même en recourant au narrateur le plus omniscient possible, l’auteur ne parvient pas à évoquer intelligiblement la guerre civile et religieuse qui semble avoir opposé deux peuples, ou deux castes d’un même peuple, durant l’édification des six pyramides dont l’usage ultime semble avoir été de contenir les dépouilles mêmes de ses bâtisseurs massacrés – par qui ? Et qui a édifié les ultimes degrés, qui a posé le « couvercle » ? On comprend que le démon Tezcatlipoca, donné comme précurseur des divinités aztèques autant que mayas et incas (!), avait été enfermé dans la pyramide (celle-là justement, parmi les six) mais que, tel un mauvais génie, il a été libéré par les excavations de nos imprudents archéologues.

Malédiction, oui, mais littéraire… [DS]

  • Source : L'ASFFQ 1995, Alire, p. 122-123.