À propos de cette édition

Éditeur
Solaris
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Solaris 106
Pagination
5-9
Lieu
Ville-Marie
Année de parution
1993
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Il est chargé de vérifier les dossiers des patients en psychiatrie afin de s’assurer que ceux-ci ne simulent pas la folie pour vivre au crochet de l’État. Il tombe sur le cas de Lucien Laverdure. Celui-ci a noirci des pages de manuscrit dans lesquelles il explique, avec l’appui d’un rapport sur les travaux du Dr Cardenas, que la race humaine est issue d’un insecte géant, le dinoscloporte de Cuba, à la suite de manipulations génétiques extraterrestres. Il n’accorde aucun crédit à ces divagations mais en rentrant chez lui, il voit à la télé un reportage qui parle de la découverte de fossiles de cloportes de trois mètres à Cuba. Il en perd la raison.

Commentaires

« Le Monde est un parc… » de Guillaume Demers est un texte hybride qui mêle fantastique et science-fiction. Malheureusement, la greffe ne prend pas parce que le fantastiqueur ne fait pas confiance à l’auteur de science-fiction. En effet, en faisant passer pour fou le protagoniste, fonctionnaire à l’emploi des centres psychiatriques de l’État, Demers saborde la thèse scientifique qu’il voulait énoncer. C’est dommage car cette théorie audacieuse de l’évolution de l’espèce humaine n’est pas dénuée d’intérêt et contient les germes d’une bonne histoire. Elle se suffit à elle-même, il n’y a pas de doute. Pourquoi alors Demers l’a-t-il enrobée dans une histoire d’aliénation mentale ? Par peur du ridicule ? On a vraiment l’impression que l’auteur n’assume pas pleinement son imaginaire. Certes, l’intervention des extraterrestres pour expliquer la transformation radicale des dinoscloportes fait l’effet d’un deus ex machina et aurait gagné à être davantage préparée mais, je le répète, il y avait là matière à un récit autonome et sympathique.

On se demande aussi pourquoi le protagoniste devient fou quand il a, en quelque sorte, la confirmation que le patient dont il lit les divagations, Lucien Laverdure, n’a pas fabulé et que son récit repose sur des faits véridiques attestés par un reportage sérieux à la télé. Pourquoi cette révélation devrait-elle lui faire perdre la raison ? Je ne comprends pas.

Par ailleurs, l’utilisation du « vous » par l’instance narrative s’avère fort judicieuse parce qu’elle maintient intact le mystère de l’identité de l’interlocuteur. Est-ce un type assis près du protagoniste dans le parc ? Son psychiatre ? En outre, le « vous » suscite l’empathie du lecteur et apparaît, de ce fait, plus séduisant que le « il », autre solution alternative pour rappeler le déroulement des événements puisque le protagoniste, devenu fou, ne pouvait logiquement assumer la narration. [CJ]

  • Source : L'ASFFQ 1993, Alire, p. 72-73.