À propos de cette édition

Éditeur
Solaris
Genre
Science-fiction
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Solaris 127
Pagination
13-17
Lieu
Roberval
Année de parution
1998
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Moranne se rend à la clinique de fertilité de l’État. Pendant qu’elle est plongée dans le Bain et qu’elle rêve à son avenir, un commando de trois révolutionnaires fait irruption dans l’édifice et sabote les appareils d’insémination artificielle. Moranne décide de suivre le trio de terreristes dans la clandestinité.

Commentaires

Cette nouvelle d’Andrée Laurier est publiée dans le spécial Sexe de Solaris mais il s’agit davantage d’un texte sur la reproduction de l’espèce ou la maternité que sur la sexualité. C’est en effet par la fonction reproductrice que le lecteur appréhende peu à peu la société soi-disant démocratique dans laquelle vit Moranne, une jeune femme de vingt-cinq ans. À l’arrivée, il découvre une société qui utilise de façon coercitive des méthodes de reproduction artificielles pour assurer la survie de l’espèce et une dystopie qui montre ses failles.

Tout le système social repose sur la maternité qui semble être la porte d’entrée obligée pour avoir le droit de vivre en couple. L’auteure ne perd pas de vue ce fil conducteur, et les pensées de Moranne, qui trahissent un esprit de révolte et d’insoumission, vont continuellement dans ce sens. De sorte que sa décision finale de joindre les rangs des terreristes, partisans d’une méthode de reproduction naturelle, ne surprend pas et s’inscrit dans la logique du personnage. Il est un peu ironique de constater au passage – et la nouvelle d’Andrée Laurier ne se prive pas de cet humour qui allège constamment le ton dramatique que pourrait prendre le récit (la dernière phrase se termine d’ailleurs sur un éclat de rire) – que les aspirations de Moranne, quoique jugée rebelle, semblent bien bourgeoises et conformistes au fond : avoir des enfants et former un couple avec un homme.

Le texte ne livre toutefois pas tous ses secrets, même si les réflexions de Moranne permettent de saisir les mécanismes du pouvoir en place. Quelques questions demeurent sans réponses. Ainsi, pourquoi le bébé de Moranne, si elle réussissait finalement à devenir enceinte, devrait-il lui être enlevé pour être confié à un couple ? Pour former un couple, n’exige-t-on pas que la femme ait déjà procréé ? Cet aspect de la nouvelle, la fertilité des femmes et leur qualité de mère qui détermine leur statut social, n’est pas suffisamment expliqué.

Néanmoins, « Moranne au Bain » est une nouvelle bien écrite, au rythme un peu lent mais intéressante, qui, espérons-le, amènera Andrée Laurier à poursuivre dans la voie de la science-fiction. [CJ]

  • Source : L'ASFFQ 1998, Alire, p. 98-99.