À propos de cette édition

Éditeur
Samizdat
Genre
Science-fiction
Longueur
Courte nouvelle
Paru dans
Samizdat 11/12
Pagination
44-46
Lieu
Saint-Lambert
Année de parution
1988
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Albert Corlak est propriétaire d’un quotidien dans lequel son équipe de futurologues prédit une journée à l’avance les événements importants. Le ministre de la défense terrienne exerce des pressions sur lui pour qu’il annonce dans son journal que le premier ministre mourra d’une crise cardiaque. Corlak a-t-il le choix ?

Commentaires

« La Mort du ministre » de Marc Rousseau illustre le pouvoir de la presse et des médias mais aussi le danger qui guette l’information d’être manipulée par le pouvoir politique. Ainsi, le ministre de la défense veut infléchir le cours de l’Histoire, forcer la main au destin, en faisant publier une nouvelle fausse.

La démonstration de l’auteur est intéressante et pertinente mais elle laisse entrevoir quelques failles dans sa logique. C’est la principale lacune de la nouvelle de Rousseau. Si le premier ministre est cardiaque, pourquoi ne mourrait-il que le lendemain en apprenant son décès prochain dans le journal d’aujourd’hui ? Et qui sont ces “futuronécrologues” – belle trouvaille, en passant, que ce nom donné par le peuple aux futurologues parce qu’ils annoncent la mort de gens – qui prédisent à coup sûr l’avenir ? D’où tirent-ils leur science ? Pourquoi ne prévoient-ils l’avenir qu’une journée à l’avance ? Sont-ils eux-mêmes manipulés par un pouvoir occulte ou sont-ce eux qui tirent les ficelles ? Quelle est leur utilité puisque les catastrophes qu’ils prophétisent ne peuvent être évitées ?

Qu’un texte de cette longueur soulève autant de questions qui demeurent sans réponses est une indication certaine de sa richesse foncière mais aussi la preuve que l’auteur n’a pas su exploiter de façon satisfaisante les poten­tialités de son sujet.

Sur un thème similaire à certains égards, Joël Champetier avait réussi l’an dernier, dans « Les Vents du temps », à suggérer les transformations imminentes d’une société repliée sur elle-même, oligarchique et obscuran­tiste par la connaissance du futur. Marc Rousseau ne fait qu’effleurer son sujet et laisse le lecteur sur son appétit. Mais l’auteur est jeune et il faut espérer que cette première tentative ne restera pas sans lendemain.

Malgré les défauts évidents de sa nouvelle, il vient de se gagner au moins un lecteur qui préfère aux réussites honnêtes mais sans lustre les échecs prometteurs. [CJ]

  • Source : L'ASFFQ 1988, Le Passeur, p. 148-149.