À propos de cette édition

Éditeur
Le Nouvelliste
Genre
Science-fiction
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Le Nouvelliste, vol. XLVIII, n˚ 48
Pagination
32
Lieu
Trois-Rivières
Date de parution
23 décembre 1967

Résumé/Sommaire

En l’an 2000, Noël n’existe plus mais le capitaine Zodiaque se souvient encore du Père Noël et de Rudolph, son renne au nez lumineux. Le capitaine entreprend, pour son fils, le récit de la disparition du gros bonhomme au costume rouge qu’ont causé parents et psychologues en détruisant le mythe dans l’esprit des enfants.

Commentaires

Il s’agit encore d’un de ces textes dont la création est basée sur un « vouloir-dire », autrement dit, un récit à thèse. Les motifs de la science-fiction sont utilisés comme prétextes à une dénonciation du caractère mercantile de la fête de Noël et de l’emprise des pédagogues et spécialistes en tout genre sur l’éducation donnée aux enfants. Comme quoi les fêtes se suivent mais les griefs se ressemblent !

Tout se passe comme si l’auteure avait voulu pratiquer une dichotomie entre les valeurs religieuses, en perte de vitesse à la faveur de la Révolution tranquille, et les nouvelles valeurs que la prospérité économique de la seconde moitié du XXe siècle mettait de l’avant (l’agnosticisme, la promotion de la société de consommation et de la croissance techno-scientifique, la nouvelle pédagogie, etc.). Il est particulièrement curieux de voir comment elle fait du Père Noël une figure religieuse, le merveilleux se confondant ici avec la Foi, puisque si c’est le Père Noël qui apporte les jouets aux enfants, c’est tout de même « Jésus » qui lui fournit les matériaux pour fabriquer ces cadeaux.

Si l’on détruit le mythe du Père Noël en disant aux enfants que ce sont les parents qui leur achètent leurs cadeaux, c’est comme si on leur niait le droit de rêver et de croire en quelque chose qui les dépasse. Aussi fascinants que puissent paraître les jouets dispendieux qu’achètent les parents, jamais leurs présents n’auront le charme de ceux qu’apportait le Père Noël. Soit, mais cette morale paraîtra certainement dépassée à un lecteur d’aujourd’hui et il faut dire que la facture naïve (voire nunuche) de la nouvelle ne compense pas tellement pour le manque d’intérêt du thème.

Reste la valeur sociologique du texte qui traduit bien le conflit entre tradition et modernité que faisait surgir, chez les Québécois, la Révolution tranquille. La nouvelle montre également à quel point la science-fiction est un genre qui se prête facilement à la projection des peurs et des fantasmes d’une société en transformation. [ID]

  • Source : La Décennie charnière (1960-1969), Alire, p. 73-74.