À propos de cette édition

Langue
Français
Éditeur
Fides
Titre et numéro de la collection
Bibliothèque québécoise
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Anthologie de la nouvelle et du conte fantastiques québécois au XXe siècle
Pagination
159-165
Lieu
Montréal
Année de parution
1987
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Hermann Klock n’arrive plus à se rappeler le cours des événements. Que lui est-il arrivé ? Il croit se souvenir qu’il était penché au-dessus d’un spécimen de la Carnivora Breitmannia quand il a été happé par la plante carnivore.

Première parution

Mort exquise (La) 1965

Commentaires

Claude Mathieu est un auteur méconnu dont l’œuvre mérite d’être redécouverte par les amateurs de fantastique. Je n’avais encore lu aucune de ses nouvelles même si je le connaissais de nom. L’anthologie de Maurice Émond m’offre l’occasion d’aborder l’univers intérieur de cet écrivain discret possédant un ton personnel.

« La Mort exquise » est une nouvelle à caractère métaphysique. L’auteur y est préoccupé par la notion de temps, par le rapport que l’homme entretient avec le temps. Son personnage a d’ailleurs un patronyme symbolique : Klock (Clock : horloge : temps). En fait, dans la conscience du botaniste, le temps est aboli par la joie, par le bonheur ; l’individu se fond dans le grand tout universel, toutes époques et tous lieux confondus. Claude Mathieu présente ainsi la mort comme une expérience réjouissante, voire enivrante, et comme une communion universelle vers quoi l’homme tend. La gravité du propos, tempérée par la sérénité qui se dégage de l’expérience de Klock, nous permet de présumer que l’auteur a fréquenté les philosophes Alain et Bergson.

N’y aurait-il pas lieu de voir également dans la façon dont meurt Hermann Klock une transposition et un éloge de l’acte sexuel ? Faute d’indices clairs et transparents dans le texte, la description de la fleur (un globe rosâtre, dont la fente en son milieu, au sommet, compte deux paires de lèvres rouges) et l’allusion à la Terre-Mère à laquelle la plante donne accès me portent à le croire. À l’époque où fut publiée cette nouvelle (1965), l’éducation chrétienne au Québec considérait le corps comme un objet honteux. L’auteur aurait donc choisi un subterfuge, le recours au récit fantastique visant à détourner l’attention, pour célébrer la réappropriation des sens.

L’œuvre de Claude Mathieu, à mon avis, en cache une autre, à la façon d’un palimpseste. [CJ]

  • Source : L'ASFFQ 1987, Le Passeur, p. 119.