À propos de cette édition

Éditeur
Ashem Fictions
Genre
Science-fiction
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Transes lucides
Pagination
145-163
Lieu
Roberval
Année de parution
2000
Support
Papier

Résumé/Sommaire

La fonction de diplomate du vicomte Triste de Zauberberg l’amène à voyager de planète en planète, à bord de son vaisseau l’Adagietto. Grand amateur d’art et d’histoire, l’homme de 176 ans prend plaisir à découvrir la culture de civilisations étrangères. Un problème d’ordre technique l’oblige à descendre sur Venise, station touristique reconnue pour ses canaux naturels. Il profite de cette pause pour explorer les lieux. Un gondolier lui propose de le conduire en dehors des circuits autorisés, là où sont confinés les indigènes. Le vieil homme pourra ainsi assister à un rituel tout à fait inusité. Aucun spectateur ne doit toutefois entrer en contact avec les Vénitiens, les risques d’épidémie étant trop grands. Mais voilà que le vicomte tombe amoureux fou de l’officiante. Une nuit, il s’approche de la jeune fille ; elle lui frôle la joue. Le lendemain, le vieil homme est fiévreux. Il quitte Venise, guérit. Lorsqu’il apprend que l’épidémie a emporté tous les indigènes, le vicomte se montre inconsolable. Il meurt peu de temps après. De mort naturelle.

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Commentaires

« La Mort sur Venise » est un amusant clin d’œil à la nouvelle de Thomas Mann, « La Mort à Venise », dont s’est aussi inspiré le cinéaste Visconti au début des années 1970. La nouvelle est d’ailleurs présentée comme un « hommage admiratif, quoiqu’un peu irrévérencieux, à Thomas, Luchino et Gustav ». Il s’agit là de Thomas Mann, de Luchino Visconti et de Gustav Aschenbach (personnage principal de la nouvelle de Mann, ainsi prénommé en hommage à Mahler)… Alain Bergeron propose une version SF de cette histoire, une version fantaisiste, ironique à souhait et truffée de référents aux œuvres-sources. Ainsi, le personnage principal est vicomte (visconte en italien) et il se nomme Zauberberg (titre allemand de La Montagne magique). Il dort au Schopenhauer (Mann fut marqué par le philosophe allemand), et est ébloui par la beauté de Tchad’zia (l’adolescent Tadzio de Mann). D’ailleurs, jamais le vicomte n’aurait cru possible qu’une telle beauté pût se trouver parmi la gent féminine. C’est dire !

Et puis, il y a le spectre de l’épidémie qui plane sur Venise et cette mystérieuse inscription sur la pierre : « Toi qui crois avoir trouvé la vie en cherchant la beauté/ Sache que mort et beauté sont sœurs dans l’ordonnancement du monde », qui n’est pas sans rappeler le film de Visconti : « Qui a de ses yeux regardé la beauté/ Il est depuis lors voué à mourir »…

Alain Bergeron aime les paradoxes, les parodies, les jeux de miroir (déformations, renversements) ; il aime mêler le tragique au comique, se faire critique et bouffon à la fois. Il semble prendre un malin plaisir à tourner en ridicule son personnage de Zauberberg, tout comme Voltaire l’avait fait pour son Candide. Chose certaine, pour jouir pleinement de ce texte, un détour par la nouvelle de Mann s’impose. Histoire d’apprécier le petit côté irrévérencieux qui fait le charme de Bergeron. [RP]

  • Source : L'ASFFQ 2000, Alire, p. 18-19.