À propos de cette édition

Éditeur
Vents d'Ouest
Titre et numéro de la collection
Rafales
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Au bout de la rue
Pagination
143-151
Lieu
Hull
Année de parution
1995
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Frédéric, qui s’estime bafoué par la société, décide de révéler à son ami Charlot le pouvoir extraordinaire qu’il a développé. Il possède la capacité de détruire n’importe quoi d’une seule phrase. Sa démonstration tourne court lorsque la myopie de Charlot l’empêche de constater l’ampleur des dégâts, et Frédéric paie son narcissisme de son existence.

Commentaires

« Le Mot juste » ressemble en plusieurs points à une nouvelle écrite en 1960 par Fredric Brown, « Rebound ». Le scénario est pratiquement le même : un personnage peu recommandable obtient un pouvoir extraordinaire qui fonctionne par la voix, puis cause sa propre perte avec ce même pouvoir. Cependant, Frigerio a peine à donner au lecteur une raison de s’intéresser au protagoniste de son histoire. Plutôt que de démontrer à quel point Frédéric est misérable, il se contente de dire que l’homme en question est ignoré et méprisé par tous. Peu importe que nous ne sachions jamais d’où lui est venu son pouvoir, mais faudrait-il au moins nous donner ses motivations !

Le texte de cette nouvelle s’encombre d’adjectifs inutiles et redondants. Il ne suffit pas d’indiquer que Charlot est myope, il faut qu’il soit « malheureusement atteint d’une myopie fortement accentuée, qui changeait en un nuage pâle et flou, aux contours ébréchés, tout ce qui excédait une circonférence de trois mètres autour de sa courte personne ». De plus, cette même myopie reste pratiquement le seul trait de caractère du personnage, trait de caractère d’ailleurs sur lequel Frigerio ne cesse d’insister.

« Le Mot juste » aurait eu avantage à être plus court, ou du moins à en venir à l’action principale plus vite. Le lecteur n’apprend la nature du pouvoir de Frédéric qu’à la moitié du texte, soit quatre pages depuis l’introduction, pages durant lesquelles il n’apprend que peu de choses sur les deux personnages et rien sur leur vie personnelle. Pourtant, au moment même où de longues descriptions auraient été judicieuses, soit au moment de l’effondrement des édifices de la Bourse et du Parlement, Frigerio s’est montré curieusement réservé. On ne comprend rien de l’ampleur du désastre, qui ne fait pas de morts, ne sème aucune destruction. Pourquoi décrire longuement l’affrontement entre Frédéric et son four, qui prend environ deux pages du texte, et laisser de côté la démonstration de son pouvoir, séparée en deux maigres paragraphes ?

Si la nouvelle « Le Mot juste » se voulait un hommage, comme le suggérerait le prénom du protagoniste de l’histoire, un lecteur averti lui préférera l’originale, qui ne souffre pas des mêmes lacunes que le texte de Frigerio. [IL]

  • Source : L'ASFFQ 1995, Alire, p. 95-96.