À propos de cette édition

Éditeur
Pierre Tisseyre
Titre et numéro de la collection
Papillon - 13
Genre
Fantastique
Longueur
Novelette
Format
Livre
Pagination
85
Lieu
Montréal
Année de parution
1990
Support
Papier

Résumé/Sommaire

En vacances en campagne, la petite Chantal est éveillée une nuit par les bruits du moulin. Elle s’y rend en bicyclette et voit un vieil homme en train de moudre… des cailloux pailletés d’or. Il compte en extraire de la poudre d’or pour s’acquitter d’une dette envers Satan. Il oblige la fillette à l’aider, mais elle parvient à s’enfuir. Ce n’est que le lendemain, à la vue d’une ancienne photo à l’hôtel de ville, qu’elle comprendra avoir eu affaire à Alcide Prud’homme, mort depuis cinquante ans et faisant l’objet d’une légende locale.

Avec ses amis Luc et Marco, elle retournera au moulin la nuit suivante. Ils seront cette fois victimes d’une mise en scène destinée à les effrayer, et les garçons croiront que le fantôme dont elle leur a parlé était de même nature. Chantal rencontrera ultérieurement Jacques et Julie, détectives se faisant passer pour des touristes, et leur fera visiter la région.

Chantal et les deux garçons retournent au moulin de jour, pour découvrir quelle activité illicite mènent les deux hommes qui les ont effrayés. Ils découvrent un butin : pierres précieuses desserties et bijoux d’or destinés à être fondus. Ils sont surpris par l’arrivée des touristes et se cachent. Les faux-touristes sont à leur tour surpris par l’irruption des voleurs, qui veulent leur faire un mauvais parti. Chantal et ses amis les sauvent mais provoquent l’effondrement du moulin, puis son incendie. Les voleurs seront capturés et le butin restitué grâce aux trois enfants.

Commentaires

Le Moulin hanté est au nombre de ces livres pour jeunes qui posent des problèmes à L’Année… : à inclure dans les recensions, ou pas ?  Verdict : à inclure, mais seulement parce que le premier chapitre, un sixième du roman, relève du fantastique. Le reste est une intrigue policière.

Depuis quelques années, on assiste à un phénomène (qui m’apparaît) nouveau en littérature de jeunesse au Québec : le surnaturel comme motif normal, non intrusif. Je m’explique. À mes yeux, une des définitions de base du fantastique a toujours été l’intrusion du surnaturel (plus généralement : de l’a-normal, de l’aberrant) dans la normalité ou dans l’ordre naturel. Or, dans des romans comme ceux de la série Camille et Dominique (Chevrette & Cossette, Fides), ceux de la série Bizarre (Francine Pelletier) ou encore Le Moulin hanté, le surnaturel semble être admis comme naturel, du moins il ne cause pas de rupture de l’ordre naturel. Certes, Chantal sait que l’apparition du fantôme du meunier est d’ordre surnaturel, mais elle l’accepte sans trop d’émoi. 

Mieux encore, l’auteure ne traite pas le motif fantastique de la hantise autrement que les motifs policiers du vol et du recel, ou de la clandestinité.  Avec Le Moulin hanté, on fait subir une petite torsion à un procédé classique. Les malfaiteurs qui mettent en scène le surnaturel pour écarter les curieux de leur repaire ignorent que le moulin est vraiment la scène d’événements surnaturels, lesquels événements amèneront les curieux à découvrir leurs menées clandestines…

Le surnaturel est ici un curieux mélange de matériel et d’illusoire. Le revenant est tangible (Chantal lui tape sur l’épaule pour lui parler), la fillette retrouve de la poudre d’or sur ses espadrilles le lendemain. Par contre, la nuit de l’apparition, le moulin subit une curieuse transformation : le mécanisme de la roue, des engrenages, des meules, fonctionne comme à l’époque du meunier alors que, le lendemain, il s’avérera si délabré que son fonctionnement ébranle le bâtiment. Ce dernier élément fait de l’apparition surnaturelle un moteur du récit : Chantal ne se serait pas intéressée au moulin si les bruits d’origine surnaturelle, puis la rencontre avec le fantôme, n’avaient piqué sa curiosité. De plus, la différence entre l’état du moulin durant l’épisode surnaturel et son état dans la réalité a de l’importance. Durant l’apparition, la roue à aubes tournait rond et c’est son bruit rythmé (bien réel) qui a éveillé Chantal ; dans la réalité, les engrenages ne sont pas en état de fonctionner et les secousses qu’ils provoquent causeront l’effondrement du moulin.

Le Moulin hanté est un honnête petit roman pour jeunes, même si les dialogues auraient eu besoin d’une touche supplémentaire de naturel. [DS]

  • Source : L'ASFFQ 1990, Le Passeur, p. 102-104.