À propos de cette édition

Coauteur
Éditeur
Le Passeur
Titre et numéro de la collection
L'ASFFQ
Genre
Science-fiction
Sous-genre
Pouvoir parapsychologique
Longueur
Novelette
Paru dans
L'Année 1988 de la science-fiction et du fantastique québécois
Pagination
221-236
Lieu
Beauport
Année de parution
1989
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Un imprésario et un admirateur de Mary-Moon Mornow racontent leur relation avec la Star du Silence. La Musique Mentale est un spectacle où les sensations naissent dans le cerveau même des “auditeurs”, sans qu’aucun stimulus sonore ne passe par leurs oreilles. L’un des narrateurs a découvert Mary-Moon au sens où on s’initie à une nouvelle forme d’art, l’autre l’avait découverte au sens où un producteur découvre un talent et où un inventeur met au point un processus inédit. Mais, comme toute étoile, Mary-Moon a connu son déclin, le cerveau littéralement épuisé par ses performances, tandis que la Musique Mentale était bannie à cause des lésions qu’elle infligeait aux neurones de ses amateurs.

Commentaires

Dans ce texte qui est à mes yeux le meilleur des trois écrits en collaboration en ce numéro de L’ASFFQ, on identifie aisément chaque voix du tandem. Pour April, la langue colorée, les jeux de mots, les mots-valises et les mots patentés, l’obsession de faire image et le ton un peu Plume Latraverse. Pour Côté, l’écriture belle et sobre, le lyrisme fleur bleue, le portrait d’un personnage marginal à la sensibilité d’écorché, oscillant entre cynisme et révolte naïve.

« La Musique du silence » offre de belles convergences : April et Côté, c’est une collaboration qui allait de soi, pour ainsi dire. Qui se ressemble s’assemble, pourrait-on redire, au sujet de la personnalité des auteurs sinon de leur écriture respective. Au sujet de leur thématique, surtout. Thèmes des artifices du vedettariat et des phénomènes médiatiques dans le proche futur, chez April. Fascination obsessionnelle de Côté pour l’idole-héros, le culte de l’idole-héros, l’effacement de soi dans l’adoration d’une idole. L’ensemble donne une description convaincante des mécanismes intimes de l’idolâtrie et du vedettariat – du moins, dans ce dernier cas, tels qu’on les imagine de l’extérieur. Il réussit moins bien à expliquer ce qui se passe dans la tête de la pathétique Mary-Moon – là-dessus, William Gibson a réussi mieux dans Mona Lisa Overdrive.

Mais enfin, la comparaison est bancale et l’objectif d’April et Côté était de donner deux vues de l’extérieur, sur l’idole Mornow. « Looking in from the outside », pour employer la langue qui est en voie d’engloutir le Québec à l’époque mise en scène par ce texte.

Sans aller jusqu’à dire que la collaboration April/Côté a donné plus que la somme des deux, j’avancerais que cette synergie a généré une œuvre meilleure que ce qu’ils font d’habitude individuellement : plus polie que bien des textes d’April, plus mûre que les précédentes incursions de Côté dans la fiction pour adultes, une sorte d’équilibre où les faiblesses de chacun sont estompées et laissent mieux transparaître leurs qualités. [DS]

  • Source : L'ASFFQ 1989, Le Passeur, p. 19-20.