À propos de cette édition

Éditeur
Fides
Genre
Science-fiction
Longueur
Novella
Format
Livre
Pagination
163
Lieu
Montréal
Année de parution
1992

Résumé/Sommaire

Olivier, ses amis Patrice, Damien et Maxime sont des passionnés de jeux « Mintendo », particulièrement de « Super Marlo Ross 2 » (sic), qu’Olivier (le champion) n’a pas encore vaincu. Un jour où Patrice reste à coucher chez son ami Olivier, les deux garçons constatent l’apparition, dans le jeu, de deux nouveaux ennemis qu’ils surnomment les « gris ». Durant la nuit, Patrice est attiré au sous-sol par un bruit : la salle de jeux s’est transformée en Marloland. Le garçon ne peut s’empêcher d’avancer dans ce décor extraordinaire…

À peu près au même moment, les ordinateurs de l’Agence spatiale canadienne subissent un étrange assaut tandis que, partout dans le monde, les cassettes de Marlo Ross 2 s’autodétruisent. Au matin, Olivier constate la disparition de Patrice, qui sera bientôt suivie de celle du chat Miko. Olivier découvre bientôt deux nouveaux personnages dans le jeu : Patrice et Miko. Comprenant que la cassette de son frère est liée à la mystérieuse autodestruction du jeu Marlo Ross 2, Gabrielle alerte la GRC, ce qu’elle regrettera par la suite.

Persuadés que Patrice et Miko sont prisonniers de la cassette dont la GRC s’est emparée, les jeunes héros se rendent à Ottawa. Ils parviennent à déjouer toutes les mesures de sécurité de la GRC pour récupérer la cassette. Échappant de justesse à la CIA qui tente de doubler la GRC, les jeunes aventuriers s’enfoncent dans le Marloland à la recherche de Patrice et Miko. Le mystère trouve son explication dans la venue d’extraterrestres (les « gris »), eux-mêmes prisonniers de la cassette. Les jeunes s’en sortent grâce à ces étrangers, surnommés Bing et Bong, ainsi qu’avec l’aide d’un savant d’origine vietnamienne et de deux agents de la GRC.

Commentaires

Que voilà un roman trépidant, rempli d’action, de scènes de poursuite menées par de grosses brutes américaines, de scènes de jeux vidéo que les adolescents connaissent bien, bref, une œuvre qui plaira sans aucun doute aux jeunes lecteurs ! Plus jeunes, même, que la catégorie « douze ans et plus » recommandée par l’éditeur car le roman ne présente pas une très grande difficulté de lecture, sinon le fait qu’il soit rédigé au passé ce qui, paraît-il, rebute les jeunes habitués du « fast food » littéraire. Le style est efficace, un peu dépouillé (« Sur ce, elle s’élança dans la rue Bellevue-Plaza, direction centre-ville », p. 74), mais l’auteure démontre tout de même une étonnante maîtrise de l’écriture pour quelqu’un d’aussi jeune. Peut-être a-t-elle bénéficié d’une direction littéraire éclairée, je l’ignore, mais il reste qu’Isabelle Gélinas s’annonce une écrivaine de talent.

Là où la sauce se gâte, c’est dans l’aspect science-fiction du récit, ce qui, au demeurant, ne devrait gêner que les meilleurs lecteurs ainsi que les amateurs de science-fiction, étant donné l’insouciance avec laquelle l’intrigue semble avoir été construite. Le problème ne se situe pas au plan des péripéties abondantes mais dans la trame, le cadre qui sous-tend le récit : l’effet de vraisemblance. Que ce soit les pilules anti-rayons X (p. 61), les puces informatiques qui s’enflamment (p. 92) ou les téléporteurs qui ont besoin d’oxygène pur (p. 148), on devine que l’auteure ne se soucie guère de livrer à ses lecteurs une toile de fond vraisemblable, sinon réaliste.

Ce manque de rigueur se décèle également dans la caractérisation des personnages, particulièrement les adultes qui s’avèrent en général de parfaits imbéciles. Ainsi, la mère du champion des jeux vidéo, connaissant la passion maniaque de son fils pour Marlo Ross 2, ne songe même pas à lui demander s’il en possède une cassette (p. 46).

De plus, la progression même de l’intrigue repose sur une série de coïncidences fortuites et fort commodes, permettant ainsi à l’auteure de ne pas trop se creuser les méninges : si les jeunes parviennent à pénétrer dans le bunker de la GRC, c’est parce que (tiens donc !) l’un des gardiens a justement égaré sa carte d’accès, qu’il a comme par hasard écrit le code sur ladite carte et que le surveillant a décidé de prendre un café juste au moment où les jeunes entrent dans l’édifice. Ensuite (comme c’est surprenant !), les jeunes vont trouver refuge sous le balcon d’une maison qui s’avère (justement) celle de la tante de leur ami Jules. Quant à la finale, il suffit au très brillant professeur Nguyen de pitonner sur son ordinateur pour sauver les héros.

Je m’en veux bien sûr de houspiller une si jeune écrivaine, et je ne souhaite pas déprécier le concours pour jeunes auteurs des éditions Fides qu’Isabelle Gélinas a remporté avec ce roman. Mais il semble que la mode actuelle fasse de la science-fiction un ramassis de n’importe quoi, transformant les sciences modernes en magie de l’an 2000, ce qui prouve combien les profanes que nous sommes demeurent démunis face aux détenteurs de la connaissance, face à ceux qui savent, qui poussent de mystérieuses manettes servant à faire progresser l’humanité.

J’espère qu’Isabelle Gélinas persévérera dans cette belle carrière qui l’attend, mais j’espère aussi que, dans le cadre de ce concours pour jeunes auteurs, on accordera un peu plus d’importance à la qualité de l’intrigue. Savoir écrire, ce n’est pas tout. Encore faut-il savoir raconter… [FP]

  • Source : L'ASFFQ 1992, Alire, p. 88-89.

Prix et mentions

Concours pour jeunes auteurs – Prix du meilleur roman de science-fiction 1992

Références

  • Anonyme, Littérature québécoise pour la jeunesse 1992, p. 29-30.
  • Blais, Marie-Josée, Québec français 87, p. 18.
  • Lapostolle, Lynn, Lurelu, vol. 15, n˚ 2, p. 16.
  • Martel, Julie, Solaris 101, p. 65.