À propos de cette édition

Éditeur
Québec/Amérique
Titre et numéro de la collection
Littérature jeunesse
Genre
Fantastique
Longueur
Novella
Format
Livre
Pagination
127
Lieu
Montréal
Année de parution
1985
Support
Papier
Illustration

Résumé/Sommaire

Anatole Ladouceur est confiseur de son état. Mais il déteste la gomme à mâcher, contrairement à son fils Léopold qui, lui, raffole de cette friandise caout­chouteuse qui fait de si drôles de bulles. C’est justement à l’intérieur d’une bulle immense que se trouvait l’école lors­qu’elle a disparu pour s’envoler vers l’espace. Unique témoin de ce phénomène : le jeune Léopold, l’un des rares qui n’assistaient pas au concours du Plus Grand Menteur pour Rire dont Anatole Ladouceur est habituellement le cham­pion. Cette fois, c’est le fils qui remportera la palme en racontant ce dont il vient d’être témoin. Quand on s’aper­cevra qu’il a dit la vérité, Léopold sera soupçonné d’avoir trempé dans cette affaire et séquestré par ordre du chef de police. Le crime serait d’autant plus grave que la directrice et les pro­fesseurs étaient dans l’édifice au moment de sa disparition. Vient alors à l’esprit de Léopold le seul remède possible à la catastrophe qui secoue la ville : s’évader et chercher lui-même à découvrir où l’école se trouve à présent. Une fois libre, il s’empresse de recourir aux services de l’excen­trique Chloée Latendresse. Hector, le plus pusillanime des explorateurs, se joindra à eux par la suite.

Commentaires

« Attention, il est très bavard », nous affirme la quatrième de couverture à propos de Jacques Pasquet. Si on ne le connaît pas déjà, ce n’est pas son roman qui va nous donner l’impression du contraire ! En lisant ce livre, on songe à la littérature orale, plus précisément à ces conteurs qui parviennent – parvenaient, car il en reste peu – à capter puis à conserver notre attention pendant de longues minutes avec la parole et les gestes pour seuls outils.

Je connais un peu Jacques Pasquet. Il est très bavard, c’est sérieux, et je l’imagine tellement bien dans le rôle décrit plus haut ! Il faut dire que Pasquet est d’abord et avant tout un intervenant des milieux pédagogiques et un animateur auprès des jeunes. Je crois que le goût d’écrire ne lui est venu qu’à la suite des nombreuses rencontres qu’il a eues avec des enfants et des adolescents partout au Canada.

Mystère et boule de gomme est inévitablement, en partie du moins, le fruit de ses multiples échanges avec les jeunes, lecteurs et non-lecteurs. Voici une histoire sans la moindre prétention, si ce n’est celle de distraire, d’amuser et de captiver en faisant appel à l’imagination. Ce n’est pas rien et Jacques Pasquet le réussit superbement.

Le texte – j’insiste – est "oral" en quelque sorte, comme destiné à être lu à voix haute, sans recherche mais sans bavures non plus. Il est bourré d’idées drôles, de jeux avec les mots, de personnages farfelus, d’animaux bizarres, de rebondissements, de références distorsionnées. Les détails inu­tiles sont toujours escamotés au profit du rythme. L’atmosphère est à la fantaisie et, en lisant le livre, j’ai pensé immédiatement à La Boîte à surprises, cette délicieuse émission de l’époque où Radio-Canada croyait à la télé pour la jeunesse.

Quant aux thèmes qui nous intéressent ici, il y en a quelques-uns, même si la terminologie SF n’est presque jamais utilisée par l’auteur. L’école disparue a bel et bien été transportée grâce à une technique évoquant la lévitation, par des moutons s’il vous plaît, plus exactement par une espèce extraterrestre qui change régulièrement de forme et qui en est rendue à l’étape moutonnière. L’origine du phénomène se trouve donc dans l’espace et l’équipe de héros s’éloignera de la Terre à bord d’une navette spatiale empruntée aux Américains. Sur l’astéroïde 328, Léopold et ses compagnons rencontreront nul autre que le businessman du Petit Prince, celui qui passe ses journées à comptabiliser les étoiles. Jacques Pasquet profite de l’occasion pour donner aux Français une discrète leçon de… Français ! Reconnu par Léopold, le businessman s’écrie : « Homme d’affaires ! mon petit. Je suis un homme d’affaires. »

À la fin, l’auteur se moque gentiment des professeurs, ce qui ne peut déplaire à leurs souffre-douleur naturels que sont les enfants. L’histoire s’achève sur une sorte d’appel à la démocratie, sinon à la cogestion, en ce qui concerne le fonctionnement de l’école : « Il va falloir demander à nos élèves quelques trucs pour nous aider ! »

Je considère Mystère et boule de gomme comme un modèle de roman d’imagination destiné aux enfants. Que dire de plus ? [DC]

  • Source : L'ASFFQ 1989, Le Passeur, p. 317-318.

Références

  • Vinet, Isabelle, Lurelu, vol. 8, n˚ 3, p. 13.