À propos de cette édition

Éditeur
Stop
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Stop 133
Pagination
65-78
Lieu
Montréal
Année de parution
1993
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Après avoir été expulsé d’un bar, Pierrot rencontre dans une ruelle un rat doué de la parole. Celui-ci confie aux soins du journaliste une belle qu’un mauvais sort a plongée dans un sommeil interminable. Il doit prononcer un mot magique pour la délivrer de cette malédiction. Évidemment, le matin venu, Pierrot a tout oublié. Il se résout donc à lire à haute voix le dictionnaire au complet afin de retrouver le mot en question, ce qui l’inspire pour écrire un livre qui devient un best-seller. La belle s’éveille. Malheureusement, elle se révèle être du genre beauté capricieuse qui ne pense qu’au fric, aux toilettes et aux sorties officielles. Elle pousse son « sauveur » à devenir une machine à faire de l’argent grâce à son écriture.

Commentaires

Ce texte n’est qu’une amusante pochade, on le lit, on rigole un peu et on l’oublie bien vite sauf quand on est obligé d’en faire la critique. Le ton fait penser à certaines nouvelles burlesques de Fredric Brown ou de Robert Scheckley, mais Marie-José Lacerte ne dispose pas encore de leur habileté dans le domaine. Ses personnages sont fortement caricaturaux comme il se doit dans ce genre d’histoires bien qu’elle n’évite pas toujours la facilité. Le dessein de l’auteure est évidemment de parodier certains stéréotypes comme celui de la princesse endormie ou du journaliste alcoolique mais elle n’arrive pas vraiment à les dépasser. Ses personnages sont d’autant peu pertinents qu’ils ne correspondent pas à des réalités sur lesquelles son humour pourrait s’exercer. Sur ce point, Lacerte se rapproche de Ghislain Taschereau ; cependant, elle écrit infiniment mieux que lui.

Par ailleurs, l’auteure casse du sucre à bon compte sur le dos de l’industrie de l’édition. Pour ce que j’en sais, sa critique n’est pas nécessairement fausse, quoiqu’elle manque d’originalité et de subtilité. L’histoire du roman de qualité plutôt moyenne écrit par un auteur sans grand talent qui remporte néanmoins des prix prestigieux et est encensé par tous les critiques est vieille comme l’écriture elle-même. Lacerte aurait pu s’efforcer d’étayer davantage sa thèse. Sans compter qu’elle va même jusqu’à faire gagner le prix Nobel à son personnage. Elle se permet ici une exagération qui ne pourra que faire sourciller un lecteur qui sait que les prix Nobel de littérature sont donnés à des auteurs d’un certain âge pour l’œuvre de toute une vie et non à un premier roman paru récemment. Pour les besoins du sarcasme, le prix Goncourt aurait suffi, il me semble. [DJ]

  • Source : L'ASFFQ 1993, Alire, p. 107-108.