À propos de cette édition

Éditeur
Louise Courteau
Genre
Science-fiction
Sous-genre
Pouvoir parapsychologique
Longueur
Roman
Format
Livre
Pagination
146
Lieu
Montréal
Année de parution
1987
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Lors d’un vol Montréal/La Havane, le narrateur vit une expérience étrange alors que l’avion s’enfonce dans une masse blanche indistincte et que ses moteurs s’arrêtent. Étrangement, personne ne semble s’apercevoir de ces anomalies. Bien plus, voilà que notre héros est entraîné hors de l’avion par une force magnétique. Il « atterrit » dans une luxuriante contrée inconnue – dans le ciel, son avion semble figé. Explorant ce nouveau monde, il découvre une ville où il est acceuilli par des gens extraordinaires qui l’attendaient. Pendant plusieurs jours, il vivra des expériences étonnantes et en rendra compte dans son journal. Puis ce sera le départ. Il réintégrera l’avion et le voyage continuera comme si de rien était.

Plus tard, profondément impressionné par cette aventure qu’il associerait à un rêve n’eut été de son journal, il voudra relire ses notes mais à chaque fois, des événements imprévus l’en empêcheront. Sous son écriture, d’autres gens lui parleront, continueront son initiation. Tout en sachant son destin dirigé, il ne se sent « contraint » en aucune façon. Ces gens d’un autre plan d’existence, celui d’après la mort, avec leurs connaissances nettement supérieures à celle d’un homme du XXe siècle, le guident avec une grande bonté.

Petit à petit, il apprendra ce que l’avenir lui réserve, surtout lorsqu’il rencontre celui qui l’a précédé, le premier messie. Les discussions qu’il aura avec cet homme profondément humain l’amèneront tranquillement à accepter sa destinée, c’est-à-dire celle du prochain prophète.

Commentaires

Voici un roman qui nous avait échappé l’an dernier. Sa faible visibilité en librairie – son titre, à tort croyons-nous, l’a fait placer par les libraires essentiellement parmi les ouvrages occultes. En fait, si La Naissance d’un prophète est effectivement un roman initiatique dans le plus pur sens du terme, le traitement réaliste de l’intrigue et les considérations scientifiques qui tentent d’expliquer les événements en font un véritable roman de science-fiction.

Si l’écriture de Bilodeau est le plus souvent simple et efficace, sa manie de tourner autour des idées sans les dévoiler directement agace rapidement. Ainsi, quand il rencontre cet homme si sensible et si humain qui s’avérera être le Christ, ce dernier tergiversera sans arrêt avant de lui dire quoi que ce soit. On parle souvent de l’étonnement du narrateur, on lui répète qu’il saura s’habituer à sa nouvelle condition, on lui… bref, on tourne autour du pot comme s’il n’y avait rien à dire. À la longue, c’est éprouvant pour le lecteur ; à la longue, on comprend que Bilodeau n’a entre les mains que l’idée d’une nouvelle et non celle d’un roman.

C’est d’ailleurs la principale faiblesse du roman, cette dilution de l’information pertinente, cette volonté de toujours digresser afin de créer artificiellement un suspens. Pourtant, le sujet est d’or : d’un autre plan de l’existence, des êtres communiquent avec le narrateur, lui disent qu’il y a bien plus dans l’univers que n’en peuvent imaginer les savants de la Terre du XXe siècle.

Le choix et, surtout, la longeur des scènes privilégiées par l’auteur, est une autre source d’agacement pour le lecteur. Un rebalancement aurait été nettement souhaité. Ainsi, les premiers dialogues n’avancent que très lentement tandis que ceux avec le Christ, qui auraient dû être les plus percutants, se perdent dans une imprécision et un verbiage le plus souvent inintéressant.

Malgré tout, La Naissance d’un prophète, s’il n’est pas sans défaut, se révèle être d’une lecture intéressante. La fin, bien qu’elle soit abrupte, amène quand même le lecteur vers un chemin intéressant, laissant prévoir un avenir meilleur.

En définitive, un livre qui vaut le détour, surtout parce qu’il occupe un créneau absoluement désert dans la science-fiction québécoise actuel, la SF à tendance mystique. [JPw]

  • Source : L'ASFFQ 1988, Le Passeur, p. 259-261.