À propos de cette édition

Éditeur
Le Monde illustré
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Le Monde illustré, vol. XIII, n˚ 652
Pagination
420-421
Lieu
Montréal
Date de parution
31 octobre 1896

Résumé/Sommaire

Au terme des longues fêtes accompagnant le mariage de son fils Guillaume Adelin et de Mathilde, le roi Henri Ier d’Angleterre se décide enfin à retourner dans son « palais de la Tour de Londres ». À Barfleur, quelques jours avant la traversée de la Manche, Henri reçoit la visite de Thomas, un marin dont le père fut le pilote de son propre père. Ce marin demande au roi le privilège de le conduire en Angleterre sur un de ses navires, la Blanche Nef. Afin de ne pas refuser l’offre qui lui est faite, Henri, qui a pourtant déjà retenu le navire à bord duquel il doit rentrer chez lui, confie à Thomas son fils Guillaume, sa fille Mahaud et toute leur cour tandis que lui s’embarque avec Mathilde, la jeune épouse de Guillaume.

Durant la traversée, Guillaume, impatient de revoir Mathilde, veut forcer Thomas à accélérer la cadence. Lorsque le pilote refuse d’obtempérer, le prince exhorte les rameurs qui, en obéissant, envoient la Blanche Nef se briser sur le rocher de Catteville. Le naufrage ne laisse qu’un seul survivant, un boucher de Rouen nommé Bérault, par qui l’on apprend que Guillaume s’est noyé en tentant de sauver sa sœur et que Thomas, apprenant la mort du prince, a préféré se laisser couler dans les eaux qui ont englouti son équipage et tous ceux qu’on lui avait confiés.

« Telle est l’histoire du naufrage de la Blanche Nef. On la raconte, le soir, au coin du feu dans les chaumières normandes, et les aïeules assurent à leurs petits-enfants qu’à l’anniversaire du sinistre, on voit, au pied de la falaise, des ombres blanches qui ne sont autres que les âmes des naufragés demandant des prières. »

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Commentaires

Ce fait historique s’est déroulé en 1120. L’auteure indique que le naufrage a lieu un 25 novembre. Cependant, la sœur de Guillaume Adelin, Mahaud (aussi connue sous le nom de Mahaut et de Mathilde, ce qui n’arrange rien surtout lorsque l’on pense que la fiancée de Guillaume porte elle aussi le nom de Mathilde) n’a pas pu se noyer lors de ce naufrage. Née en 1101, Mahaud / Mahaut / Mathilde ne va mourir qu’en 1167. À l’époque du naufrage, elle était l’épouse d’Henri V, empereur romain-germanique (né en 1081 et qui allait mourir en 1125, la laissant veuve et libre de devenir l’héritière du trône d’Angleterre à la place de son frère Guillaume).

Ce petit détail étant réglé, le seul élément fantastique de ce texte provient de ce que l’on raconte dans les chaumières normandes que l’on voit des ombres blanches qui sont les âmes des naufragés. Encore une fois, comme dans le cas de « La Dame rouge », un fait historique nous est raconté avec moult détails dans le seul but de justifier l’apparition de vagues fantômes auxquels croient les gens simples qui vivent encore dans les environs du drame.

Le véritable héros de cette tragédie est Thomas, l’honnête pilote de la Blanche Nef qui, ayant garanti au roi la sauvegarde pour ses enfants et voyant qu’il a failli, se laisse couler au fond des flots.

C’est le deuxième texte de mademoiselle Letendre que je recense et, les deux fois, je relève des erreurs flagrantes perdues au milieu de minutieuses descriptions historiques. Ma culture générale n’est cependant pas assez complète pour me permettre d’établir si ces erreurs sont isolées ou si les textes de mademoiselle Letendre constituent en fait de véritables ramassis d’anachronismes. [TV]

  • Source : Le XIXe siècle fantastique en Amérique française, Alire, p. 130-131.