À propos de cette édition

Éditeur
Triptyque
Genre
Science-fiction
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Moebius 65
Pagination
19-27
Lieu
Montréal
Année de parution
1995

Résumé/Sommaire

À bord d’un pétrolier, Monsieur Goodsucker découvre un cadavre dont la veste présente les mots HamStramGram, Agence de spéculation. Aussitôt, la température augmente et le navire explose. Goodsucker s’éveille de ce cauchemar en plein milieu d’une allée de quilles entourée d’êtres à tête de poisson. Il se réveille à nouveau, cette fois-ci dans une chambre où un guitariste lui apprend qu’il est la vedette d’un groupe rock. Pendant leur spectacle, la foule acclame un groupe de dauphins savants. Finalement, à son ultime réveil, il découvre qu’il avait fait affaire avec HamStramGram, une agence qui loue les rêves de ses clients à d’autres clients désireux de vivre autre chose, par l’entremise de leur centre de location RENTADREAM. Mais pendant le processus de saisie des données oniriques, Monsieur Goodsucker a été aspiré dans les trois songes qu’il voulait vendre à l’agence et y demeurera prisonnier jusqu’à la fin des temps. Et il se réveille à bord d’un pétrolier…

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Commentaires

Voilà une nouvelle particulièrement réussie, au titre évocateur, où se côtoient écologie, sexualité et voyages oniriques sans fin. Côté écologie, le lecteur peut discerner une critique sociale par rapport aux déversements de pétrole dans l’océan et aux ravages de ces catastrophes sur les poissons. Côté sexualité, on retrouve de nombreux symboles sexuels évidents, que ce soit dans les noms des personnages (Goodsucker, Dick, Hardsuck) ou les moyens de transport (Transports phalliques, L’Éjaculaire). Dans une scène à la fois comique et troublante, Goodsucker se retrouve dans L’Éjaculaire, une sorte de fusée-canon qui le recrache dans une substance crémeuse et blanchâtre…

Le rêve dans le rêve dans le rêve. C’est le cauchemar que doit vivre, pour toujours, le personnage de cette nouvelle de science-fiction qui, justement, doit être lue plusieurs fois afin de saisir les subtilités, les symboles, les liens entre chaque tableau onirique (l’eau, les poissons, les explosions). Comme Monsieur Goodsucker, le lecteur est aspiré dans ce cycle infernal et éternel.

L’humour est bien présent tout au long de l’histoire. L’auteur superpose décors plus grands que nature (salle de quilles avec TA VIE écrit dans une allée) et éléments surréalistes (êtres à tête de poissons, culturistes à tête de clupéidés) pour surprendre et dérouter le lecteur mais sans jamais sortir de l’univers onirique de Goodsucker : la culpabilité, la sexualité, la mort. D’ailleurs, il y a un aspect que l’on ne voit pas dans la nouvelle mais qui peut, à la suite de la lecture du texte, nous amener à réfléchir à cette question : qui était Monsieur Goodsucker à l’éveil, dans sa vie avant ce cauchemar ? Était-ce le propriétaire d’une compagnie de pétrole ? Ou un musicien populaire qui avait investi dans le pétrole ? Ou… L’identité réelle et la nature de ce personnage échappera toujours au lecteur, un peu comme un rêve au réveil. [JR]

  • Source : L'ASFFQ 1995, Alire, p. 17-18.