À propos de cette édition

Éditeur
Boréal Express
Genre
Fantastique
Longueur
Roman
Format
Livre
Pagination
199
Lieu
Montréal
Année de parution
1985
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Paul Morin est étudiant dans un cégep de Montréal. Un jour, il est invité avec son amie Corinne à un party donné par le professeur Charette. Les invités, surtout des confrères de Charette, parlent, boivent et fument. On propose à Paul de consommer certains champignons qui lui permettraient de voyager dans un monde parallèle, une autre dimension où continuent de vivre des gens aussi célèbres que Karl Marx. Paul hésite. Un drôle de petit bonhomme, Charles-Albert Lachapelle, le presse d'agir et finit par le convaincre. Quelques douleurs et puis… Paul se retrouve en Albanie où le libérateur de ce pays, Hoxi Xoxa, l'accueille chaleureusement. Par la suite, il continue son périple à bord d'un train conduit par Lénine qui lui fait connaître Staline. Paul s'endort dans un fauteuil et se réveille chez lui, deux jours plus tard. Il retourne au domicile de son professeur qu'il trouve en compagnie de Corinne.

Pour se venger, Paul séduit Suzanne, la femme de Charette. Après avoir mangé quelques champignons, il l'entraîne de l'autre côté, pour y rencontrer, avec surprise, Charles-Albert qui cherche à le retenir. De retour, il décide de donner suite à son entreprise par la démolition, la destruction de Charette. S'attaquant d'abord à lui en plein cours, Paul se sert ensuite de certaines complicités pour organiser un sondage sur la popularité des professeurs. Il fausse les résultats pour ridiculiser l'enseignant. Paul Morin perd l'appui de tous et subit les contrecoups de sa vengeance. Charette démissionne et s'enfuit. Paul est malheureux : Corinne lui manque et il a peur. Il se sent très attiré par l'autre monde qu'il veut fuir. L'influence de Charles- Albert est telle qu'il craint de ne pouvoir résister à cet appel. Un soir, Paul se rend dans un bar de la rue Saint-Denis. Il y rencontre Charette, vieilli, qui lui propose de détruire Lachapelle. Paul souscrit à ce projet et amène un ami, Pierre, Suzanne et Charette dans un autre voyage au cœur de cet univers devenu familier, à la recherche de Charles-Albert.

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Commentaires

C'est avec beaucoup d'habileté que François Gravel nous entraîne dans l'univers cégépien. La personnalité du narrateur nous est rendu avec une force étonnante. Le lecteur vit, à travers le témoignage de Paul Morin, les angoisses et les obsessions propres à cet étudiant au seuil de la maturité. Les réactions et les désirs de Paul sont réalistes parce que caractéristiques de la jeunesse d'aujourd'hui. Contestation, refus de l'autorité, rejet du monde des adultes, recherche du plaisir immédiat, du geste qui peut masquer la réalité, cachant le vide intérieur qu'on ne peut combler. Tout est là, et plus encore.

Le lecteur prend conscience du fossé qui sépare les générations. D'un côté, Charette et ses amis qui croupissent dans le souvenir de leur participation aux vastes mouvements de contestation étudiante des années soixante, et de l'autre, Morin et ses semblables, plus terre-à-terre, qui cherchent à s'organiser une petite vie bien pépère où l'engagement socio-politique n'a aucune place.

Curieusement, cette absence d'idéalisme et cette volonté conservatrice ne dérangent pas. François Gravel se fait le chantre de la vérité, de cette réalité actuelle où le militantisme cède le pas aux besoins immédiats et à la réflexion lucide. Comme le narrateur jette un regard neuf, sans influence sur l'univers fantastique qu'il découvre à l'aide des champignons, il demeure lucide sans être subjugué par ce qu'il y découvre. Paul raconte ses aventures avec un détachement qui lui permet alors de les commenter savoureusement. Car La Note de passage baigne dans un humour des plus corrosifs. Le roman s'attaque à tout le monde, ne respectant rien. Les relations étudiants-professeurs, parents-enfants, hommes-femmes, tout y passe. Même si l'humour va du plus fin au plus gras, cette truculence ajoute de la fraîcheur et de la légèreté au récit déjà très enlevé par une judicieuse alternance du réalisme et du fantastique.

Ce portrait-charge des cégeps et de sa faune remplit une fonction de salubrité. Gravel nous invite à prendre conscience que ce milieu est un véritable microcosme de notre société. Et c'est par le biais d'un humour irrésistible qu'il arrive à persuader le lecteur du sérieux de son propos. Il ne faut pas croire pour autant que ce roman n'est qu'un livre drôle. Certes on s'y amuse ferme, mais, du début à la fin, la narration pétille de trouvailles originales, d'observations justes qu'une écriture nerveuse, simple et vive, que des phrases brèves et percutantes rendent plus riche encore.

C'est avec regret qu'on tourne la dernière page de ce roman picaresque. [GG]

  • Source : L'ASFFQ 1985, Le Passeur, p. 61-62.

Références

  • ​​​​​Janelle, Claude, Solaris 65, p. 23-24.
  • L'Hérault, Pierre, Dictionnaire des œuvres littéraires québécoises VII, p. 647-649.
  • Provencher, Serge, L'incunable, décembre 1985, p. 18