À propos de cette édition

Éditeur
Librairie Ailleurs
Genre
Fantastique
Longueur
Courte nouvelle
Paru dans
Catalogue Ailleurs 29
Pagination
8
Lieu
Toulouse
Année de parution
1989
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Concours de sculpture sur glace au Carnaval de Québec. Un journaliste, complètement gelé, prend des notes sur une conversation tandis que des jeunes s’amusent et boivent avec excès. L’un d’eux décide de se soulager près d’une des œuvres. Mais qui donc a réalisé cette représentation d’un homme en train d’écrire ?

Commentaires

Ahh, l’art de la brève ! Michel Bélil a beaucoup touché à cette forme difficile entre tous. Admirons ici la structure : quatre paragraphes d’égale longueur présentent la scène, et un dernier, de deux lignes, apporte l’étran­geté. Le style journalistique suranné que Bélil affectionne particulièrement sied bien au texte. Il assouplit le contour de la présentation, banalise à souhait les séquences choisies. Les deux dernières lignes rompent subti­lement l’effet douillet : une sécheresse de bon aloi amène l’inquiétude.

Le sujet n’est pas facile. À la première lecture, on a peine à saisir le propos. D’ailleurs, lors de ce premier parcours, on a tendance à lire vite, sans se préoccuper du détail. Mais nous sommes dans la brève, alors tout compte. Aussi la relecture sera plus attentive. Et plus lumineuse. Cette sculpture abîmée par l’inconséquence du jeune fêtard, ne serait-ce pas le journaliste transi de froid ? Quelques lignes et la réalité anodine qui bascule, quelques lignes et une vision du monde s’effrite. C’est l’art de la brève conjugué au fantastique.

« L’Œuvre anonyme du carnaval » ne passera pas à la postérité malgré ses qualités. Il aurait fallu pour cela que l’écrivain la polisse et la repolisse, tout comme ces poèmes de quelques strophes qui mûrissent dans la noirceur lumineuse des boîtes crâniennes une vie durant. Mais les chefs-d'œuvre demeurant si difficiles à produire, pourquoi priver son lectorat lorsque l’opus a atteint une certaine qualité ? [JPw]

  • Source : L'ASFFQ 1989, Le Passeur, p. 23.