À propos de cette édition

Éditeur
Camédu
Genre
Fantastique
Longueur
Novella
Format
Livre
Pagination
107
Lieu
Sainte-Foy
Année de parution
1992
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Dans un village africain, le sorcier Mamadou tente désespérément de sauver ses ouailles d’une mystérieuse maladie qui les décime. Ses efforts pour contacter la divinité Ifa lui permettront de communiquer avec un médecin de Montréal, Pierre-Alain, au carrefour de décisions personnelles et professionnelles. Il décidera de s’embarquer vers l’Afrique pour soigner les malades.

Commentaires

S’il fallait résumer ce livre, je dirais qu’il démontre parfaitement à quel point le jumelage des bonnes intentions et d’une écriture maladroite peut enfanter des ouvrages indigestes. Bonnes intentions dans la description du rapprochement des deux cultures, dans le portrait d’un médecin dévoué à sa profession mais qui a perdu contact avec sa vocation première et veut retrouver l’état de grâce de l’époque où il se dévouait au service de l’humanité. Pas étonnant que cet ouvrage ait mérité le prix Camédu, qui, nous dit une note liminaire que j’ai lue après la lecture du roman, « doit mettre en évidence les différences et variations d’ordre culturel, économique, religieux ou autres, existantes (sic !) entre les peuples ». Et pourquoi pas une caisse de rectitude idéologique avec ça, pour parfaire le tout ?

L’intrigue se fonde sur des coïncidences et naïvetés que même un très jeune adolescent (le public de ce livre, à vue de nez) ne pourra avaler ; par exemple, ce médecin qui arrive en Afrique les valises « bourrées de médicaments de toutes sortes », comme si c’est vraiment comme cela que ça se passe avec les bureaucraties nationales et internationales qui supervisent toutes les interventions humanitaires du genre. Le plus gros, c’est probablement lorsque le médecin parvient à observer « avec étonnement que le vieillard se trouvait dans un état auto-hypnotique extrêmement contrôlé », même si le contact s’établit à travers un téléviseur enneigé par le brouillage (et non pas « interférence » comme dit l’auteure). À côté de cela, le fait qu’arrivé en Afrique il atterrisse juste à côté du village de Mamadou relève du réalisme total.

Ce livre n’est pas une œuvre littéraire, c’est une entreprise d’édification idéologique, avec tout l’indigeste que cela suppose et que le résultat démontre. À la décharge de l’auteure, je soulignerai qu’elle a consciencieusement fait ses recherches, comme le prouvent ses longues énumérations de maladies et d’arbres africains, plaquées au milieu de la narration comme si Morin avait fait un « couper-coller » à partir d’ouvrages techniques. Je pourrais citer aussi quelques mots utilisés dans des sens loin de toute acception logique et qui démontrent une certaine négligence du travail éditorial de l’éditeur.

Ironique que malgré tous ses beaux sentiments, l’auteure ne puisse s’empêcher de tomber dans un certain paternalisme stéréotypé, allant jusqu’à dépeindre les Africains comme de véritables sauvages ignorants lorsqu’ils battent à mort leur sorcier pour son échec, sans aucune mise en contexte ou universalisation. Le genre d’ouvrage qui donnera au jeune lecteur le goût de lire du Danielle Steel. [LP]

  • Source : L'ASFFQ 1992, Alire, p. 142-143.

Prix et mentions

Prix Camédu 1992

Références

  • Bélil, Michel, imagine… 63, p. 151.
  • Champetier, Joël, Solaris 104, p. 54-55.