On réussira bien, un jour, à tuer « on »…

Ettehc Uot’fj doit remettre un rapport au sujet de l’échec de l’expédition d’exploration dans la zone 5-4-4. Les rares survivants de l’expédition, retrouvés cinq ans plus tard, sont tous fous, et les relevés radars ne démontrent aucune agression de l’extérieur. C’est en discutant avec un vieux marin terrien qu’il obtient la clé de l’énigme, le plongeant dans la confusion. Lorsqu’il s’apprête à rejeter les conclusions du marin, un événement vient confirmer les dires de ce dernier.

Ce conte bref est résolument science-fictionnel, puisque l’intrigue met en scène un protagoniste extraterrestre (ou du moins, qui n’est pas un Terrien) et qu’il est fait mention d’une flotte de vaisseaux d’exploration spatiale habités. La structure confuse et l’ajout d’un personnage au cours d’un dialogue nuisent à la lecture. Malheureusement, la chute du conte tombe à plat et se révèle d’une invraisemblance ridicule, à défaut d’être davantage expliquée.
En effet, les vaisseaux auraient été détruits par la constellation de la Grande Ourse, parce qu’ils se sont placés entre elle et la constellation de la Petite Ourse. Et selon les paroles du vieux marin terrien : « […] il ne faut jamais se placer entre la mère et son ourson ! […] » Comment une constellation qui n’a même pas la forme d’une ourse, et qui n’est reconnue comme telle que sur Terre, peut-elle infliger des dégâts énormes à une flotte entière et plonger les survivants dans la folie ? Sans cette explication essentielle, le conte s’effondre sur lui-même, d’autant plus que la chute présente les deux constellations concernées en train de rire, d’un rire « doux et maternel, et l’autre avec le petit rire enfantin, mais sauvage… ». Toute la nouvelle se base ainsi sur l’adéquation entre deux groupes d’étoiles et l’animal qu’ils représentent.
Notons que le style de la nouvelle est correct, mais sans plus. Voilà donc un texte brouillon qui ne parvient pas à justifier sa propre logique interne. [PAB]

• Source : Les Années d'éclosion (1970-1978), Alire, p. 400.