À propos de cette édition

Éditeur
Le Populaire
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Le Populaire, vol. 1, n˚ 16
Pagination
1
Lieu
Montréal
Date de parution
15 mai 1837

Résumé/Sommaire

Pour l’endormir, la grand-mère du narrateur lui racontait l’histoire d’une voisine qui caressait de grandes ambitions pour sa fille. Gâtée, l’enfant n’en faisait qu’à sa tête et elle déçut sa mère quand elle tomba amoureuse d’un jeune vaurien aussi sot que laid et détestable. Ils se marièrent mais ne tardèrent pas à se disputer constamment. Trois mois plus tard, Susanne revenait chez sa mère. Son mari promit alors au diable de se donner à lui corps et âme s’il l’aidait à la reconquérir. Le diable et une cohorte de diablotins vinrent mener un sabbat autour de la maison de la mère. La jeune fille en mourut de frayeur et le diable emporta avec lui son mari. Quant à la mère de Susanne, elle sombra dans la folie.

Commentaires

Le conte de Barthe, qui signe J.G. B**, se veut une illustration d’un caractère de La Bruyère que l’auteur cite au premier paragraphe : « À juger de cette femme par sa beauté, sa jeunesse, sa fierté et ses dédains, il n’y a personne qui doute que ce ne soit un héros qui la doive charmer : Son choix est fait ; c’est un petit monstre qui n’a pas d’esprit. »

« Opium littéraire » aurait pu présenter un intérêt historique s’il avait été le premier texte fantastique publié au Canada français. Si sa parution devance de quelques mois à peine celle de L’Influence d’un livre ou le Chercheur de trésors de Philippe Aubert de Gaspé fils, elle vient tout de même après « La Tour de Trafalgar » de Boucher de Boucherville. L’utilisation du surnaturel y est faite de façon très superficielle comme si le recours à la figure fantastique du diable devait apporter plus de poids à la démonstration. Elle apparaît imposée par les conventions religieuses de l’époque bien plus que par la nécessité du récit.

Heureusement que le texte est court et que l’auteur, comme l’indique le titre, ne semble pas se faire d’illusion lui non plus sur l’intérêt de son propos. Il pratique l’autodérision afin de prévenir, dirait-on, les mauvais coups. Il conclut en effet sur deux souhaits, l’un sérieux et l’autre humoristique : « Que ce petit conte t’apprenne à choisir la créature que le ciel destine à tes jours, et qu’il te soit en même temps un remède contre l’insomnie. » On peut certes dire que l’auteur, à cet égard, n’a pas raté son coup. Son conte prédispose au sommeil tant il est soporifique !

Barthe avait à peine vingt et un ans quand il a publié ce premier conte. Le ton laisse croire que le récit lui a été inspiré par le dépit amoureux et qu’il a trouvé dans l’écriture une façon inoffensive de prendre sa revanche. [CJ]

  • Source : Le XIXe siècle fantastique en Amérique française, Alire, p. 30-31.