À propos de cette édition

Éditeur
Université de Montréal
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Lettres et Écritures, vol. II, n˚ 3
Pagination
11-12
Lieu
Montréal
Année de parution
1965

Résumé/Sommaire

Assis à son bureau, un homme est assailli par un essaim de mouches. Pour se défendre, il les arrose d’huile et de pétrole mais c’est lui qui, bientôt, se transforme en torche. Carbonisé, l’homme se sert de ses membres calcinés pour dessiner, ses œuvres devenant de plus en plus réussies à mesure que s’usent ses membres et son corps.

Commentaires

Quel texte bizarre ! Mais d’abord le titre : « Ordalie ». Le Petit Larousse illustré en donne la définition suivante : « Épreuve judiciaire dont l’issue, réputée dépendre de Dieu ou d’une puissance surnaturelle, établit la culpabilité ou l’innocence d’un accusé ». Aucun rapport avec le texte, ou alors je n’ai rien compris.

Il y a du surréalisme dans cette fiction de Vincent Nadeau, un clin d’œil au Nouveau Roman (« Qu’en pensez-vous ? Du décor, je veux dire. L’histoire, elle, n’est pas encore commencée. »), un flou sans doute voulu dans l’écriture. Ainsi, l’« homme noir », avant même que d’être carbonisé, est-il un homme de race noire ou un homme habillé en noir ? C’est beaucoup d’influences, difficilement conciliables, pour un si court récit.

À vrai dire, voilà un texte d’une médiocrité consternante. Certes, l’homme qui dessine en se servant de sa chair calcinée comme d’un fusain – il se taille d’ailleurs des crayons dans sa cuisse – constitue une allégorie de l’artiste qui se consume pour son art (« brûlé par un feu médian, interne, essentiel ») et qui finit par y laisser sa vie dans la poursuite de l’œuvre parfaite. Mais l’image est tellement galvaudée et l’amorce du texte, si molle, maladroite et ennuyeuse !

Réussi, ce texte pourrait se comparer aux contes de Roch Carrier dans Jolis Deuils. Nadeau n’en est pas encore là, visiblement, dans son développement comme écrivain. Il faut dire, toutefois, que l’auteur n’avait que vingt ans au moment de la parution d’« Ordalie ». Et puis, je m’en voudrais d’être trop sévère : après tout, si je fais de la critique littéraire, c’est probablement parce que j’ai eu Vincent Nadeau comme professeur à l’université. [CJ]

  • Source : La Décennie charnière (1960-1969), Alire, p. 141-142.