À propos de cette édition

Éditeur
La courte échelle
Titre et numéro de la collection
Roman jeunesse - 92
Genre
Fantastique
Longueur
Novelette
Format
Livre
Pagination
92
Lieu
Montréal
Année de parution
2000
ISBN
9782890214132
Support
Papier
Illustration

Résumé/Sommaire

Pierre et son amie amérindienne, Ahonque, ont passé les cinquante dernières années de leur existence en France mais sans vieillir d’une ride grâce à des bois de cerf magiques. En 1584, ils embarquent à bord d’un bateau de pêche qui doit traverser l’Atlantique. Le navire essuie une tempête et fait naufrage au large de Terre-Neuve. Pierre et Ahonque survivent en prenant place à bord de tonneaux qui s’échouent sur la rive. Grâce à la connaissance du terrain de la jeune Amérindienne, ils n’éprouvent aucune difficulté à survivre.

Peu après, ils sont recueillis par un baleinier basque, l’Espérance, qui les amène à Tadoussac. Pierre se fait embaucher à bord tandis qu’Ahonque offre ses services comme intermédiaire entre les autochtones et les Européens dans la traite des fourrures. Elle s’est liée sans difficulté avec les natifs de l’endroit quoiqu’ils n’appartiennent pas à la même tribu qu’elle qui est iroquoise. À propos des siens, elle apprend avec tristesse qu’un grand nombre d’entre eux ont été tués au cours des guerres qui ont secoué le pays. Elle vole un canot et part vers l’ouest avec l’intention de revoir les lieux de son enfance et, si possible, retrouver des membres de sa famille.

Chemin faisant, elle rencontre le grand cerf qui lui demande de sauver la vie d’un baleineau dont la mère a été tuée par les chasseurs. Detcheverry, le second de l’Espérance, s’acharne à poursuivre l’animal de ses intentions meurtrières. Ahonque ne sait pas comment elle va réussir à mener à bien sa mission et elle demande à Pierre de l’aider. Plus tard, le baleineau se fait harponner par le second. L’animal combat furieusement au point de risquer d’entraîner la barque sous l’eau mais Pierre tranche la corde de justesse, sauvant du même coup la vie de tous les passagers et celle du baleineau. À la fin, le baleinier repart pour la France tandis que Pierre et Ahonque décident d’aller retrouver le village de cette dernière.

Commentaires

L’Orphelin des mers, qui est la suite des Bois magiques, offre au lecteur une attrayante histoire d’aventures, une saga épique qui souffre cependant – et je dis cela sans condescendance – de n’être qu’un roman jeunesse avec les limitations que cela suppose. Car ce roman contient tous les éléments nécessaires à une de ces grandes histoires d’aventures telles qu’on en écrivait autrefois. J’ai eu l’impression que l’auteur aurait pu aller plus loin et faire mieux encore mais qu’il en a été empêché par l’obligation de respecter le format d’un livre de La courte échelle en plus de devoir tenir compte du public visé. Par conséquent, l’arrière-plan est décrit avec moins de détails qu’il aurait pu l’être, car il s’agit après tout d’un roman historique, et les péripéties sont narrées de manière plus rapide qu’on pourrait le souhaiter. Il est vrai, cependant, que mon point de vue est celui d’un adulte.

En réalité, André Noël a fait du très bon travail. Il sait raconter une histoire. L’auteur est journaliste de métier, d’où, je suppose, son style précis, limpide, maîtrisé et dépouillé qui facilite la lecture. L’aspect documentaire et éducatif est présent sans être envahissant. Quoique je sois loin d’être versé en histoire, il m’a semblé que Noël connaît bien l’époque à laquelle il situe son intrigue. Il a réussi à marier avec bonheur le roman d’aventures maritimes et celui de coureur des bois, si bien que le lecteur obtient en quelque sorte du « deux pour un ».

Admettons cependant que ce roman fait un peu « collage » avec ces chasseurs de baleines qui évoquent le Moby Dick de Melville ou le Sea Wolf de Jack London, tandis que les aventures sur terre font un peu penser à Robin Moore ou à Fenimore Cooper. Quant à la relation particulière qu’Ahonque entretient avec le grand cerf aux bois magiques, elle fait immanquablement songer à celle de Lucy avec le lion Aslan dans Les Chroniques de Narnia. Néanmoins, si les influences sont évidentes, on sent aussi que l’auteur y croit, qu’elles font authentiquement partie de son imaginaire, qu’il ne les a pas intégrées à son histoire simplement dans le but de faire un pastiche ou une banale copie. Disons que nous avons affaire à de l’émulation de qualité.

Toutefois, le personnage du second, Detcheverry, n’est pas assez bien développé. On croit plus ou moins à ce méchant de service. On a peine à croire, aussi frustré soit-il, qu’il puisse être obsédé à ce point par un baleineau de peu de valeur marchande. L’auteur a quelque peu forcé la note comme s’il voulait absolument donner un rôle à jouer au cerf magique qui, sans la menace pesant sur le jeune mammifère marin, n’aurait pas grand-chose à faire dans cette histoire.

On trouve aussi dans ce roman, comme dans beaucoup de romans jeunesse, des préoccupations écologiques dans le fait que les protagonistes se voient confier par le cerf la mission de sauver la vie du baleineau. Quant à l’élément fantastique, quoiqu’il ne soit pas carrément au cœur de l’intrigue, il a tout de même son importance. Les cors magiques du cerf permettent aux jeunes héros, en faisant un vœu annuel, de traverser les années sans vieillir. Ainsi, dans le premier volet, Pierre accompagnait la première expédition de Jacques Cartier. Son amie amérindienne et lui ont ensuite vécu et voyagé pendant cinquante ans en France avant de réussir à trouver le moyen de revenir dans la patrie de la jeune fille. Je ne sais pas si André Noël a l’intention de poursuivre leurs aventures jusqu’au vingtième siècle ; ce serait, en tout cas, un projet intéressant.

En somme, j’ai éprouvé du plaisir à lire ce petit livre qui est, à mon avis, une assez belle réussite malgré cet air de déjà-vu. Je crois même que je le relirai éventuellement. J’apprécie particulièrement ce mélange de merveilleux et d’historique. Je souhaite cependant que l’auteur reprenne un jour l’histoire au complet pour en faire un roman pour adultes plus touffu. [DJ]

  • Source : L'ASFFQ 2000, Alire, p. 125-127.

Références

  • Courchesne, Danièle, Lurelu, vol. 25, n˚ 1, p. 79-80.
  • Fradette, Marie, Lurelu, vol. 23, n˚ 2, p. 40.