À propos de cette édition

Éditeur
Planète rebelle
Genre
Science-fiction
Longueur
Recueil
Format
Livre
Pagination
156
Lieu
Montréal
Année de parution
1999
ISBN
9782225280305
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Commentaires

Ovation réunit trois nouvelles d’Alix Renaud publiées dans la revue imagine… et dans le collectif Sol. C’est l’occasion idéale pour renouer avec un auteur qui publie trop peu souvent en SF mais dont les textes sont toujours intéressants. Occasion aussi pour dégager certaines constantes, certaines obsessions dans une écriture qui se veut autant parodique que sérieuse, poétique que soumise à une logique rigoureuse. Poète et diseur, Alix Renaud est un familier de la scène, du jeu verbal et de la nécessité de créer une tension dramatique pour aller chercher l’attention du spectateur. Il y réussit à merveille en exploitant des thèmes familiers de la SF et qui ont pour trait commun le bouleversement intérieur ou cosmique : la fin du monde (« Ovation »), la fin d’une identité (« Exeat ») ou la fin d’une réalité (« Exanoïa »). Le moteur de ce bouleversement, Renaud le trouve dans un autre motif emprunté à la SF : la confrontation créateur/créature.

Cette rencontre est vécue comme une maladie, une fièvre qui mine le corps (« Ovation ») et l’esprit (« Exeat » et « Exanoïa »). Elle force le malade à scruter ce qui l’entoure, à interroger les mots et les choses pour découvrir les traces de cette présence invisible qui, comme un virus, ronge l’individu de l’intérieur. Dans chacune des nouvelles, l’enquête sera la forme privilégiée par l’auteur pour explorer « l’impossible ». Elle sera menée, soit par un scientifique, soit par un journaliste, figure rationnelle garante d’une objectivité apte à résister au bouleversement en cours. Mais il ne s’agit pas pour Alix Renaud de démontrer la « fragilité » du réel ou de démolir les décors qui bouchent notre vision. L’auteur nous convie à une autre révélation, plus poétique, qui l’éloigne en ce sens des chemins habituels visités par la SF. Le langage est ici au cœur du problème et c’est en lui qu’il faut chercher une certaine « vérité ».

Quand Hoku Koto, au tout début d’« Exeat », enclenche la construction de la cité, une voix se fait entendre qui récite Les Chants de Maldoror de Lautréamont. Il faut comprendre que tout acte créateur est un acte poétique, la quête d’un sens qui opère par glissement, métaphore, dislocation de la phrase initiale qui éclate dans une multitude de significations. Dans « Ovation », Varunna est un super ordinateur. Sollicité par Marcel Petit pour éclaircir un événement mystérieux, il répond par un seul mot, un nom, épaississant davantage le mystère. Pourtant, tout est contenu dans ce nom. Le travail de Marcel Petit sera semblable à celui d’un psychanalyste. Pour lui, il s’agira de ramener à la surface de la conscience ce que nous savons dès le départ.

Toujours dans un ordre poétique, l’auteur accorde à la femme le statut d’archétype. La femme est de l’autre côté du rivage. Intacte, elle attend l’homme en devenir. Privé de sa présence, l’individu est condamné à la folie ou au suicide comme dans « Exanoïa ».

On sent chez Alix Renaud un désir de s’approprier tous les genres (poésie, théâtre, roman) dans une mise en scène où se côtoient autant le dramatique que le comique. Cette approche peut être efficace dans « Ovation », sans conteste la meilleure nouvelle du recueil, mais montre ses limites dans « Exanoïa » où le récit frôle par moments la caricature.

Il est à souhaiter qu’Alix Renaud revienne bientôt à la science-fiction pour nous offrir des textes d’une aussi grande qualité. [ML]

  • Source : L'ASFFQ 1999, Alire, p. 143-145.

Références

  • Gagné, Frédéric, Québec français 118, p. 23.
  • Martel, Réginald, La Presse, 21-11-1999, p. B4.
  • Paré, Yvon, Lettres québécoises 99, p. 31.