À propos de cette édition

Éditeur
Hurtubise HMH
Genre
Science-fiction
Longueur
Roman
Format
Livre
Pagination
168
Lieu
Montréal
Année de parution
1985
Support
Papier

Résumé/Sommaire

André Jacek est en route vers Lambreville, localité située dans le nord du Québec, voire au Nouveau-Québec, où il a accepté un poste de professeur. Au moment d'arriver, il est témoin de phénomènes étranges dans le ciel. Il apprend petit à petit que, depuis deux ans, la région est survolée par des OVNI sans qu'on puisse en expliquer la cause.

André essaie de percer le mystère. Après des menaces et des tentatives d'intimidation qui visent à le dissuader de poursuivre son enquête, il découvre une base militaire dans la forêt avoisinante. Cette base s'est constituée autour d'une sphère qui a atterri là il y a deux ans, comme en panne ou à court d'énergie. Les recherches effectuées depuis n'ont pas permis de déterminer sa nature, sa provenance et son fonctionnement.

A bout de ressources, les militaires ont même eu recours à un jeune médium, Julian, pour communiquer avec cette forme de vie inconnue, mais sans succès. Celui-ci se liera d'amitié avec le jeune professeur. Grâce à leur complicité, André Jacek réussira à entrer en contact avec les habitants de la sphère au cours d'une expérience fantastique et découvrira le mystère là où des savants ont échoué.

Première parution

Parallèles célestes (Les) 1983

Autres parutions

Commentaires

Denis Côté aura certes été la révélation de l'année 1983 dans le domaine de la SF québécoise. Deux prix littéraires majeurs, le Grand Prix 1984 de la science-fiction et du fantastique québécois et le Prix du Conseil des Arts en littérature de jeunesse, l'ont d'ailleurs confirmé. Et qui plus est, le prix Boréal, attribué par les fans, est venu en quelque sorte plébiscité le choix des deux premiers jurys.

Deux ans après sa publication, Les Parallèles célestes, dont l'écriture est antérieure à celle de Hockeyeurs cybernétiques paru en premier lieu, est réédité chez Hurtubise HMH. La page couverture de l'édition originale, un modèle de mauvais goût, a été remplacée par une illustration qui n'a pas toute la vigueur commerciale souhaitable. Ce ne sont pourtant pas les bons illustrateurs de SF qui manquent au Québec.

Autant la finale de Hockeyeurs cybernétiques en constituait le point faible, autant la conclusion des étranges phénomènes dont André Jacek est témoin rend compte du renouvellement du thème des OVNI et confère à l'œuvre une originalité indéniable. Avec un thème aussi éculé, Denis Côté a réussi un véritable tour de force en retenant notre attention jusqu'à la fin.

Le roman démarre lentement pourtant et laisse présager de bien sombres perspectives. On reste un peu incrédule devant cette histoire d'une conspiration du silence à laquelle se bute le héros en arrivant à Lambreville. Mais André Jacek élabore une théorie sur les OVNI qui remet en question les idées reçues et explique les divergences des témoignages de ceux qui affirment avoir vu des soucoupes volantes. Cette théorie est fort séduisante et en vaut bien d'autres.

Le roman de Denis Côté rappelle à certains égards le film de Steven Spielberg, Rencontres du troisième type. Le personnage de l'extraterrestre n'est pas présenté comme un être menaçant. En outre, ce sont les personages qui n'ont pas de préjugés scientifiques qui sont les plus aptes à comprendre ces phénomènes inexplicables. L'auteur en tire une leçon en faveur de l'ouverture d'esprit des êtres humains. La raison et les certitudes acquises sont impuissantes à expliquer ces manifestation étranges. Il faut faire confiance à l'intuition et mettre de côté la logique d'un système de pensée qui n'a rien à voir avec celui de l'autre.

Les Parallèles célestes ne constitue certes pas une apologie de la science, trop rivée sur l'objet de son observation pour être capable de cerner le phénomène dans sa globalité. Le pouvoir militaire est encore plus décrié, en proie qu'il est à la paranoïa et au syndrome du secret d'Etat. Le principal représentant de cette institution bornée est le capitaine Denault, un être hystérique et irresponsable pour qui tous les moyens sont bons pour assurer la sécurité de l'Etat et le secret des recherches entreprises sur la précieuse sphère. En comparaison, les scientifiques semblent beaucoup plus soucieux de la vie humaine comme le prouve Ericka Alexander qui sortira Jacek des griffes de Denault.

Les personnages de Denis Côté sont beaucoup plus approfondis dans ce deuxième roman. A l'exception du capitaine Denault dont la stupidité et l'esprit de vengeance frisent la caricature, les autres font preuve d'intelligence et échappent aux stéréotypes faciles. Julian, ce jeune Américain doué de pouvoirs paranormaux, est le plus émouvant de tous en raison de son drame intérieur. Il souffre de ne pas être comme les autres, d'être considéré comme un objet de curiosité et d'être exploité à des fins plus militaires qu'humanitaires. Il est à la recherche d'un équilibre intérieur et d'un autre monde qui lui permettra d'oublier sa marginalité.

Julian introduit une dimension nouvelle dans le récit en raison de son ambiguïté. Dès le moment où André le rencontre aux abords de la base, l'intrigue acquiert une densité qui lui faisait défaut jusque-là. Par son côté pathétique, Julian ajoute aussi de l'émotion dans ce récit enclin à être platement descriptif à l'occasion. Les scènes de poursuite dans Lambreville sont en effet très banales mais ces passages sont rachetés par le lyrisme et la généreuse sensibilité qui caractérisent la description du voyage mental d'André dans la sphère mystérieuse. Le récit parfaitement maîtrisé et la pertinence des images qu'il véhicule font de ces pages les meilleures du roman. L'écriture de Côté quitte alors le domaine du réalisme et plonge au cœur de l'inconscient collectif, des archétypes de la civilisation occidentale.

Après s'être donné des allures de roman policier, Les Parallèles célestes aboutit à une réflexion sur l'imaginaire de l'être humain, sur son besoin de se forger des mythes. L'amitié y est également privilégiée comme valeur humaine en raison de l'ouverture d'esprit qui va de pair, comme on peut le constater dans la relation sensible qui unit André et Julian.

Ce qui me plaît dans le roman de Côté, c'est que son explication du phénomène des OVNI fait bien plus appel à des notions philosophiques qu'à des notions scientifiques. En renouvelant ainsi le discours sur les soucoupes volantes et autres objets volants non identifiés, Denis Côté prouve qu'il est un écrivain avec lequel il faudra compter. Quand un auteur écrit un roman pour la jeunesse qui intéresse tout autant un lecteur adulte, c'est bon signe. Il faut y voir la promesse d'un grand talent.

Denis Côté a su concilier, dans Les Parallèles célestes, la simplicité du récit et la richesse de la réflexion. J'aime aussi chez lui cette façon de ne pas imposer une vision unique des choses, de ne pas afficher ses hypothèses comme des certitudes, de ne pas se présenter comme le promoteur d'une nouvelle mystique. Il nous livre sans prétention ses intuitions métaphysiques. Elle méritent d'être entendues et méditées. [CJ]

  • Source : L'ASFFQ 1985, Le Passeur, p. 40-42.

Références

  • Janoël, André, Nos Livres, février 1984, p. 28-29.
  • Le Brun, Claire, imagine… 20, p. 51.
  • Lord, Michel, Lurelu, vol. 7, n˚ 3, p. 12.
  • Lortie, Alain, Solaris 55, p. 25.
  • Marquis, Daniel, Des livres et des jeunes, automne 1984, p. 51.