À propos de cette édition

Éditeur
Quebecor
Genre
Science-fiction
Longueur
Roman
Format
Livre
Pagination
182
Lieu
Montréal
Année de parution
1995
ISBN
9782890896857
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Les Dimps sont une espèce humanoïde provenant d’une autre planète. Ils sont amphibiens, même s’ils sont beaucoup plus à l’aise sous l’eau que sur la terre. Leur apparence rappelle le croisement entre l’homme et la grenouille, mais la ressemblance avec les batraciens s’arrête là : ils sont en fait de vigoureux guerriers, prêts à tout pour survivre. Alors qu’une poignée de Dimps échoue dans le Saint-Laurent, ils se découvrent un goût marqué pour la chair humaine. Après avoir dévoré quelques passants isolés, ils s’en prennent à une famille, qu’ils déciment complètement, laissant derrière eux des cadavres mutilés. La police enquête, constate que les agresseurs n’ont rien d’humain, mais ne trouve aucune piste.

Devant l’impuissance des autorités, un groupe de vacanciers décide de prendre les choses en main. Après que l’un d’eux s’est fait capturer par les Dimps et qu’un autre a perdu la vie dans un affrontement, ils découvrent la caverne sous-marine des extraterrestres. Leur initiative permet à la police d’organiser un raid et d’emprisonner deux Dimps, qui s’excusent de leur comportement et deviennent une attraction touristique très populaire.

Commentaires

Le Parfum de la terreur est un roman fourre-tout : on y trouve des éléments de science-fiction, très présents dans la prémisse de l’histoire (la nature extraterrestre des Dimps, par exemple) et dans les premiers chapitres du livre, où il est question d’une usine de robots et autres gadgets improbables. Mais plus le récit avance, plus la dimension SF est évacuée, au profit de deux autres esthétiques qui cohabitent un peu mieux : d’une part le suspense, à travers l’enquête policière, et d’autre part l’horreur, dans les scènes de dévoration par les Dimps. On pourrait même dire que le roman flirte avec le fantastique quand le récit s’attarde à la mythologie des créatures amphibiennes. Fourre-tout, disais-je.

Globalement, donc, le roman marque une carence d’unité et de direction. Pire, les éléments narratifs, même pris isolément, sont naïfs et très maladroits. Les descriptions des gadgets science-fictifs du début du roman n’apportent strictement rien au récit, en plus de relever, la plupart du temps, du cliché. Les scènes d’horreur tombent souvent à plat en utilisant une pointe d’humour déplacée (on mentionne une victime qui aurait eu « la bonne idée » de mourir de peur avant que les Dimps ne commencent à se nourrir de ses entrailles). Et ici aussi, le cliché pullule : des extraterrestres affamés de chair humaine, vraiment ? L’enquête policière, quant à elle, s’embourbe rapidement dans la description des ingérences politiques, sans vraiment décrire l’investigation proprement dite.

Le manque de cohésion du roman s’observe aussi dans sa myriade de personnages, pour la plupart inutiles et sans substance. Le récit s’ouvre sur une scène au cours de laquelle on suit la routine matinale de la mère d’un des deux adolescents qui découvrira la famille décimée par les Dimps. On parle d’elle et de son mari suffisamment longtemps pour que le lecteur puisse s’attendre à ce qu’ils participent à l’intrigue, mais non, on passe ensuite au fils, dont on décrit amplement l’amour de la nature, jusqu’à ce qu’il parvienne aux lieux du massacre. Il est à son tour relégué aux oubliettes, et le récit recommence…

Je sais qu’il est possible de créer un roman en mosaïque, sans vraiment de personnage principal. Mais Le Parfum de la terreur donne surtout l’impression de n’avoir aucun plan, aucune structure, et d’agencer des éléments narratifs entre eux, sans aucun souci de cohérence. Le récit regorge de digressions qui détonnent au point de provoquer un effet comique, apparemment involontaire. Voici un exemple, tiré d’une discussion entre un policier et un médecin qui a effectué l’autopsie de la famille décimée par les Dimps : « Résumons, poursuivit Sarrazin. À propos, toi qui grilles une cigarette dans mon sanctuaire, on a fumé pour la première fois au siège de Saint-Jean d’Acre, à l’époque où Napoléon fit sa campagne en Égypte. C’était en 1799, je crois. Pardonne-moi ce détour, mon cher, mais je reviens à nos moutons. »

On remarquera dans cet extrait le style grandiloquent et approximatif de l’auteur, qui n’aide certainement pas à rehausser le calibre de l’œuvre.

Et que dire du happy ending ? Ou de la façon dont les Dimps se retrouvent sur Terre, en premier lieu ? (On mentionne brièvement qu’ils ont été capturés par une autre race [pourquoi ?] mais que le vaisseau a subi une avarie et qu’il s’est écrasé. Rien de plus.) Ou encore du fait que les policiers réussissent à amener des chiens dans la caverne sous-marine des Dimps, lors du raid ? Comment ? Avec des scaphandres canins ? Ce sont là, j’en ai peur, des questions qui demeureront sans réponses. [GV]

  • Source : L'ASFFQ 1995, Alire, p. 56-57.

Références

  • Bélil, Michel, imagine… 73, p. 87-88.
  • Champetier, Joël, Solaris 113, p. 44.