À propos de cette édition

Éditeur
Le Mauricien
Genre
Fantastique
Longueur
Courte nouvelle
Paru dans
Le Mauricien, vol. II, n˚ 2
Pagination
28
Lieu
Trois-Rivières
Année de parution
1938

Résumé/Sommaire

Un avocat réussit à entrer au paradis sous une fausse identité. Il est reconnu par une veuve, accompagnée de son enfant, qu’il a ruinée un an plus tôt. Saint Pierre admet son erreur mais ne peut expulser Maître Parlecreux parce qu’il n’y a aucun huissier au paradis pour lui remettre une sommation.

Commentaires

Voilà un texte délicieusement satirique sur la rouerie, la propension au spectacle et l’orgueil qui caractérisent, aux yeux du commun, les avocats. Le texte est bien tourné et bénéficie d’un style allègre qui va droit au but. Le nom de l’avocat – Maître Parlecreux – rend bien compte des intentions sarcastiques de l’auteur qui se cache derrière un pseudonyme. C’est plus facile d’être irrévérencieux quand on signe X…

La parade de l’avocat qui s’est faufilé au paradis sous un faux nom – celui d’un cousin abbé mort en odeur de sainteté – est ingénieuse. Tout comme ses semblables, il sait exploiter les failles du système judiciaire, céleste comme terrestre, peut-on constater. Il exige en effet une sommation présentée par un huissier pour obtempérer à l’ordre de quitter le paradis. Or il n’y a aucun huissier qui a trouvé grâce auprès de saint Pierre et il le sait pertinemment. 

Si on comprend l’auteur d’exercer son ironie à l’endroit des avocats, on se demande pourquoi les huissiers sont interdits de séjour au ciel. L’auteur n’apporte aucune justification sur ce point. Certes, il s’agit d’une profession ingrate, discréditée et mal-aimée mais quel est le tort des huissiers ? Ils ne font qu’appliquer l’ordre émis par les tribunaux. Le lecteur que je suis se prend à penser que l’auteur, tout en illustrant la roublardise de l’avocat, n’est peut-être pas mécontent, finalement, de mettre saint Pierre dans l’embarras et d’en faire le dindon de la farce.

Si la possibilité se présentait de reprendre ce texte sous-titré « La Légende des avocats » dans une anthologie, je le destinerais à un florilège de textes humoristiques plutôt qu’à un recueil de contes merveilleux ou surnaturels. La teneur satirique marque davantage l’esprit que l’aspect fantastique convenu du cadre. [CJ]