À propos de cette édition

Éditeur
L'A Venir
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Temps Tôt 41
Pagination
25-31
Lieu
Bromptonville
Année de parution
1996
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Un homme court sans connaître la nature de ce qu’il fuit, ni depuis combien de temps dure cette fuite. Mais la seule idée de rebrousser chemin lui fait peur. En sortant d’une forêt dense, il se retrouve dans un paysage désertique. Il constate bien assez tôt que dans ces champs noircis par des incendies, les rares personnes qu’il croise attendent patiemment un cortège macabre conduit par une femme tout de noir vêtue. Elle choisit les élus qui peuvent la suivre. L’homme aura le privilège d’être choisi et il n’y a rien de surprenant dans cette désignation. Après tout, on le découvre mort, à l’orée de la forêt, tué quelques jours plus tôt par des brigands alors qu’il livrait un message pour le roi.

Commentaires

De nos jours, on croise surtout le nom de Laurine Spehner pour ses illustrations de couvertures de livre et de revue. Mais si on recule dans le temps, elle écrivait aussi des nouvelles de genre. Dans le cas précis du « Passage du char », on peut dire que c’est avec un style maîtrisé qu’elle s’adonnait à l’écriture. Elle réussit également à créer une ambiance diffuse, à la limite de l’onirique.

Justement, tout au long du texte, le lecteur peut se demander à quel endroit se déroule l’histoire. Un lieu qui semble hors du temps, ailleurs. Le personnage principal aussi se questionne à ce sujet. J’avance une hypothèse : dans une sorte de purgatoire. Le protagoniste est engagé dans une course pour sa vie dans une forêt mystérieuse. Nous ne saurons jamais, avant la fin, ce qu’il tentait de fuir ainsi et ce n’est d’ailleurs pas si important en soi qu’il l’apprenne : on peut plutôt supposer que ce sont là des souvenirs épars d’avant son trépas.

Une fuite. La peur ressentie. On peut clairement voir dans cette nouvelle une métaphore sur le passage de la mort, cette Grande Faucheuse qui choisit parmi les vivants qui elle prend et à qui elle laisse la vie sauve… pour un certain temps. Certains, plus démunis ou malades, voudraient être parmi les élus et d’autres, plus heureux, souhaiteraient ne pas recevoir sa visite si tôt. [JR]

  • Source : L'ASFFQ 1996, Alire, p. 185-186.