À propos de cette édition

Éditeur
Vents d'Ouest
Titre et numéro de la collection
Rafales
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Jeux d'adresses
Pagination
203-205
Lieu
Hull
Année de parution
1996
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Il vous aide à faire les derniers pas. Il vous encourage, vous réconforte, vous parle des artistes tels qu’Egon Schiele et Jacques Prévert qui sont déjà passés par là. Vous avez vécu dans un paradis, au Lac Cœur ? Désormais, vous n’habiterez plus nulle part.

Commentaires

Le collectif dans lequel est publié « Le Passeur » réunit trente textes qui ont en commun de créer « un univers en soi, celui de l’Outaouais, avec ses rues, ses ruelles, ses impasses. Les contes et les nouvelles dévoilent, en quelque sorte, une réalité virtuelle en même temps qu’une virtualité réelle », énonce le présentateur, Michel-Rémi Lafond. On y relève cinq textes fantastiques, tous plutôt brefs, sauf la nouvelle de Claude Bolduc,  «Bienvenue au 409 ».

Le très court texte de Laurence Bietlot rappelle la prose familière et poétique des saynètes du Petit Livre bleu de Félix et de Chansons pour tes yeux de Félix Leclerc. Dans l’imaginaire collectif, la mort est souvent représentée sous les traits d’une femme avec une faux. Ici, on est dans un autre registre. La figure neutre – voire dématérialisée – du passeur, qui facilite le passage de la vie au trépas, dégage une impression rassurante et bienveillante.

L’utilisation du pronom « vous », tout en faisant office de pronom de politesse ou de déférence, renforce l’idée que ce moment concerne tout le monde, inévitablement, et le lecteur au premier chef. Même des artistes comme Schiele, qui ont tenté d’exorciser la mort dans leur art, ont trouvé une forme de sérénité à cette heure critique selon le passeur. Toutefois, l’évocation de Prévert se résignant à quitter ce monde laisse songeur : « Enfermé dans une cage d’oiseau, il flottait, un raton laveur à ses trousses. » Sans doute un hommage au joyeux anticonformisme du barde français.

« Le Passeur » désamorce l’angoisse de la mort en dédramatisant le saut dans l’inconnu. Les mots de Laurence Bietlot ont un effet thérapeutique sur l’âme. Les personnes qui accompagnent les malades en phase terminale devraient leur en faire la lecture. Apaisement assuré, sans promesse d’un au-delà factice. [CJ]

  • Source : L'ASFFQ 1996, Alire, p. 33.