À propos de cette édition

Éditeur
Vents d'Ouest
Titre et numéro de la collection
Ado - 32
Genre
Hybride
Longueur
Recueil
Format
Livre
Pagination
137
Lieu
Hull
Année de parution
2000
ISBN
9782895370161
Support
Papier
Illustration

Résumé/Sommaire

Commentaires

Écrits et publiés dans des revues ou collectifs à petit tirage au cours des années 1990, les huit récits – dont sept relèvent du fantastique – qui composent Péchés mignons ne possèdent pas vraiment d’unité. La notion de péché flotte certainement d’un récit à l’autre, mais il faut se demander si elle est appropriée à la clientèle visée par la collection : les ados de 14 ans et plus. Bolduc, qui n’en est pas à ses premières armes dans l’écriture, continue à traîner ce léger défaut : il coud ses histoires de fil blanc, interrompt le déroulement de ses intrigues par l’intrusion d’éléments inutiles, tombe parfois dans l’humour un peu facile.

Ainsi, dans « Les Grands Préparatifs, » Bolduc montre un naïf dont il se rit dans un humour bon enfant aux jeux de mots parfois faciles : « Gras ingrat, va » ou encore le Holà Police. Louis ne veut pas mourir en situation de péché de gaspillage, mais il oublie le péché de gourmandise qui est bien pire en regard de la liste des péchés capitaux. Bolduc n’est pas très fidèle à la mentalité religieuse réelle. Il aurait dû se contenter de la pression morale de la mère sans nécessairement jeter le blâme sur l’éducation religieuse.

Bien que l’idée de « Succion » soit intéressante, le récit manque de conviction et Bolduc télégraphie son rebondissement final. Le fantastique y est vécu sans trop de remises en question de la part du dentiste, même s’il s’inquiète un peu de son étrange visiteur. Il a la naïveté des victimes des mauvais films d’horreur. Le lecteur néophyte en sera amusé, les autres, un peu lassés. Le péché mignon de Bolduc, ici, c’est d’écrire avec la simplicité d’un collégien.

Dans « Privilèges », l’auteur a voulu montrer que l’égoïsme, valeur tout à fait postmoderne, peut provoquer une désolidarisation du couple. Le péché mignon ici, c’est surtout la vie artificielle et la vanité qu’on en tire. Le novum de Bolduc extrapole une réalité toute simple : la reconnaissance sociale envers les donneurs d’organes.

La colère est le péché majeur de Jean dans « À tout péché… », mais il y a aussi sa prétention à se sortir de l’emprise du démon. Il y a un certain intérêt à voir tous ces pécheurs cherchant à expier leur faute dans la concurrence la plus déloyale. Ici, l’horreur du massacre du vendeur d’assurances se mêle à l’étrangeté de la situation : il ne meurt pas et retourne à l’assaut presque immédiatement même en chuintant. Toutefois, la mise en abyme y est un peu gratuite. Il n’y a pas de lien concret entre Stan – le personnage imaginé par l’écrivain – et Jean – l’écrivain – autre que celui qui sert de prétexte à trouver une solution dans les mots de son écriture.

Encore une fois, le Mal qui cherche à s’incarner devient le thème de « In vino mendacium ». On y apprend que l’Exilé, l’esprit du mal, choisit toujours les faibles, les démunis, ceux qui sont disponibles comme terreau fertile. Matt a beau lutter, dès qu’il a été choisi, sa résistance disparaît peu à peu comme les vapeurs de l’alcool. Le fantastique est concentré dans le lieu du cimetière, à la fois séduisant et attirant. Et plus Matt l’approche, plus il se laisse aller à l’esprit qui s’empare de lui.

« Le Grand Tripoteur » présente une vision originale et amusante de la vie après la mort. Bolduc montre dans cette nouvelle une belle truculence. Multipliant les jeux de langue, il reprend les clichés de la grandeur de Dieu et de sa toute-puissance, et celui de la pureté de l’âme originelle, en les exacerbant joyeusement.

La dernière nouvelle, « Chasse à l’âme », se veut plus complexe sur le plan narratif. Afin de faire vrai, Bolduc entrecoupe son récit d’un second qui relate les réactions de la famille pendant que Basile et le policier poursuivent Giguère dans l’éther. C’est un peu maladroit. On a envie de sauter par-dessus pour lire la suite du récit surnaturel. Ce chevauchement n’apporte pas grand-chose de plus. Mis à part cette construction boiteuse, cette nouvelle est très originale : un récit de poursuite bien manœuvré, hors du monde vivant, voilà qui sort le lecteur de l’ordinaire. C’est un thriller surnaturel. On en voudrait plusieurs pages.

Somme toute, le recueil n’est pas mauvais, il est même plutôt amusant, ce qui justifie le mot « humour » inscrit au début et à la fin du livre. Le lecteur y rencontre malheureusement quelques embûches bien symbolisées par la photo de la page couverture : un bonhomme se met le pied dans la bouche. [FL]

  • Source : L'ASFFQ 2000, Alire, p. 20-23

Références

  • Anonyme, Lettres québécoises 104, p. 59.
  • Dupuis, Simon, Lurelu, vol. 23, n˚ 3, p. 34.
  • Garneau, Dominic et Côté, Jean-Denis, Québec français 123, p. 107.
  • Lafrance, Pierre-Luc, Ailleurs 4, p. 75-76.