À propos de cette édition

Éditeur
La Rotonde
Genre
Fantasy
Longueur
Nouvelle
Paru dans
La Rotonde, 9 février 1988
Pagination
10-11
Lieu
Ottawa
Année de parution
1988
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Pégariel, baron de Liséphar, cumule les fonctions (et la double person­nalité) de seigneur et de fou dans une société féodale où la coutume veut qu’on livre le fou au bourreau pour servir d’exutoire à la colère du peuple, épargnant du même coup la vie des tyrans. Pégariel écrit son histoire tandis que le peuple, rassemblé sous ses fenêtres, réclame sa tête. La décapitation de son chambellan lui suggère un stratagème pour sauver sa propre vie.

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Commentaires

Commenter un texte de Luc Ainsley signifie être tiraillé entre deux pôles : d’une part, ce jeune auteur pratique un genre peu fréquent au Québec, la fantasy, et il parvient à suggérer des images, à créer une atmosphère avec un certain talent. D’autre part, on a l’impression que ces capacités demeurent toujours à l’état embryonnaire : aucun lecteur ne sort de ce texte entièrement satisfait car Ainsley crée une foule de pistes qu’il n’exploite jamais à fond.

Ainsi, la double personnalité du fou/baron : les deux personnages sem­blent se disputer le droit de cité sous le crâne du narrateur, mais cela ne se reflète pas dans la narration et n’apporte vraiment rien à l’histoire. La forme du récit est aussi très insatisfaisante : commencé sous forme d’un "testament" spirituel, le récit est brutalement interrompu lorsque Pégariel reçoit la visite de son chambellan qu’il nomme « le zombi du château » avec un humour que l’auteur semble être le seul à saisir. La narration change alors de mode pour passer au style indirect sans justification. Des remar­ques parfaitement inutiles brisent constamment le rythme. Par exemple, pourquoi nous informer du fait que l’écriture de Pégariel est illisible ? L’auteur veut-il signifier par là que la rédaction même de ce "testament" est vaine ?

Je pourrais citer de nombreux passages où l’auteur a visiblement tenté de beaux effets qu’il a ratés de peu. Sa nouvelle se veut d’une ironie grinçante, mais ce sont les rouages du texte qui grincent comme une vieille herse mal huilée. Et pourtant… La foule omniprésente qui s’agite sous les fenêtres n’est jamais montrée, toujours – et si bien – suggérée ; le personnage bizarre du chambellan, dont la tête ne tenait qu’à un fil, vient créer un effet d’étrangeté qui a sa place dans cette histoire.

Ainsley aurait un immense avantage à se relire, car ses textes méritent plus que de rester à l’état de brouillons : en effet, ce jeune auteur semble toujours à un cheveu du chef-d'œuvre. Comme c’est dommage… [FP]

  • Source : L'ASFFQ 1988, Le Passeur, p. 14.