À propos de cette édition

Éditeur
Le Jour
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Le Jour, vol. II, n˚ 32
Pagination
2
Lieu
Montréal
Date de parution
22 avril 1939

Résumé/Sommaire

Les paroissiens de Charmeville, en Normandie, font le bonheur du jeune curé. Jamais ils ne manquent un office religieux, ce qui frustre le diable. Puis, graduellement, les paroissiens s’absentent de l’église pour cause de maladie : ils sont tous devenus muets, sauf une très vieille dame. Le curé, déguisé en mendiant, s’invite chez elle où il surprend le diable qui, en entrant par la fenêtre, lâche un pet. Le curé asperge le diable avec l’eau bénite. Enchaîné à une pierre en laquelle s’est transformé son pet, Satan délivre les paroissiens de leur mal en échange de sa liberté.

  • Signé Claude-Bernard Aubry

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Commentaires

Le présentateur du journal Le Jour rattache le conte à « la meilleure tradition française du grand Rabelais » en raison du titre et de l’humour qui assaisonne le récit. C’est faire un bien grand honneur au texte de Claude-Bernard Aubry.

Le seul moment fort du récit survient lors de la confrontation attendue entre le curé et Satan. Le pet du diable ne ressemble en rien à ceux des humains. Il prend la forme d’une énorme boule de feu malodorante qui, au contact de l’eau bénite, se transforme en une pierre à laquelle se trouve enchaîné le prince des ténèbres.

Avant d’en arriver là toutefois, l’auteur consacre au moins la moitié du texte à décrire le quotidien des Charmevillois, à vanter leurs qualités, leur bon teint et leur prospérité. Le récit s’étire inutilement pendant que le diable cherche un moyen de dévoyer ces paroissiens exemplaires.

L’idée qu’il conçoit pour arriver à ses fins apparaît saugrenue : il rend tout le monde muet. Cela ne lui assure pas pour autant l’âme des paroissiens si c’est ce qu’il veut. L’enjeu n’est jamais clairement précisé mais il apparaît d’un tout autre ordre. Il se résume, au fond, à un duel, à une lutte de pouvoir entre le curé et Satan. Ce dernier veut tout simplement embêter le curé si fier de ses ouailles et sur lesquels il exerce un charme magique qui le rend jaloux.

Le principal mérite du conte de Claude-Bernard Aubry est de faire ressortir la lutte de pouvoir dont les paroissiens sont l’objet, ce que la plupart des contes mettant en scène le diable ont tendance à occulter, l’enjeu étant centré sur le salut des âmes. Force est de constater que plus on s’éloigne du XIXe siècle, moins la représentation du diable vise à effrayer. L’antagonisme religieux a fait place à un autre rapport de force. Il s’est déplacé sur le plan sociologique. Mais pourquoi avoir situé le récit dans un village de Normandie ? [CJ]