À propos de cette édition

Éditeur
CEULa
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
L'Écrit primal 18
Pagination
68-72
Lieu
Sainte-Foy
Année de parution
1996
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Petit Martin a six ans. Il a dit des mots très méchants à sa maman. C’est pourquoi il a été mis en pénitence dans sa chambre. Une voix parle au petit Martin, qui lui touille un bouillon de colère et de culpabilité dans son crâne d’enfant. Alors, à imaginer la peine et la souffrance qu’il infligerait à ses parents et au monde entier, Petit Martin souhaite mourir. Pas pour vrai, juste faire semblant. Mais il fait si bien semblant qu’il se réveille vraiment mort. Sa conscience semble avoir survécu cependant puisqu’il entend toujours, depuis son cercueil dûment refermé et enterré, la voix qui n’en finit plus de le harceler. Au fil du temps qui passe et de la décomposition qui progresse, elle le tourmente en évoquant ses peurs les plus primitives, les fantasmagories de ses pires cauchemars.

Commentaires

Dans ce court texte – cinq pages à la typo très aérée –, l’auteure exploite le registre des peurs ataviques, celles de l’enfance, dominées puis refoulées dans notre inconscient d’adulte : peur de l’obscurité, peur d’être enfermé, peur d’être abandonné soit par les autres soit par son propre corps, peur d’être enseveli, d’étouffer, peur des cadavres, des vers qui les rongent et de la décomposition.

Aujourd’hui, à juste titre, on classerait « Petit Martin » dans l’horreur, surtout en regard des effets que l’auteure y produit avec tant d’aisance et d’efficacité. À travers une narration indirecte plus suggestive que descriptive et dans une langue télégraphique, elle élabore un dialogue entre une voix dont on ne sait rien et Petit Martin qui n’intervient plus du tout vers la fin du récit. Mais cette voix, à qui appartient-elle ? Est-ce celle de l’autorité ? de la conscience ? de la responsabilité ? Au début, on croit que oui. Peu à peu cependant, le ton change et la voix devient de plus en plus cruelle. C’est elle qui alimente la peine et la douleur de Petit Martin et qui lui fait subir d’horribles supplices une fois mort.

En somme, « Petit Martin » révèle une auteure en pleine possession de ses moyens, qui réussit un exploit avec ce récit à l’écriture relevée, qui procure sa dose de frissons sans verser la moindre goutte de sang. [RG]

  • Source : L'ASFFQ 1996, Alire, p. 204.