À propos de cette édition

Éditeur
Ashem Fictions
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Le Trio infernal
Pagination
79-91
Lieu
Saint-Hyacinthe
Année de parution
1996
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Le narrateur reçoit chez lui une lettre qui n’est pas pour lui, malgré que l’enveloppe porte un H calligraphié, l’initiale de son nom. Elle est destinée au 425 de sa rue, alors qu’il habite au 1425. Signée « L », la lettre lui donne rendez-vous au Salon du livre pour une première rencontre en personne, après, affirme-t-elle, une longue correspondance. Au lieu du rendez-vous, la petite blonde au manteau vert reconnaît Hugo, tandis que lui ne l’a jamais vue. Et il n’a jamais entretenu une correspondance avec elle, soutient-il. Elle lui raconte une histoire de lignes temporelles et affirme que, sur une de ces parallèles, dont elle a été violemment « expulsée » par un coup de feu, ils entretiennent une amitié épistolaire.

Hugo accepte de l’accompagner au stationnement où un inconnu doit tirer sur elle et la blesser. Un homme se manifeste effectivement ; il les traque parmi les voitures mais ne tire pas. Il s’adresse à Lori et lui concède « cette victoire », comme s’ils avaient joué aux échecs. Du coup, Hugo retrouve la mémoire de sa correspondance avec Lori.

Commentaires

Le thème des agents temporels reviendra à quelques reprises dans l’œuvre d’Hugues Morin qui, en 1996, est encore à ses débuts. « Agent » dans une acception très large, au sens d’agent secret en bonne et due forme dans certains textes du XXIe siècle, mais au sens d’acteur dans d’autres comme ce texte-ci. La Lori de cette nouvelle, si elle a joué un rôle (qui ne sera jamais précisé), c’est de manière involontaire, sinon accidentelle. Les enjeux ne sont pas décrits pour les lecteurs, ni même évoqués ; s’ils reviennent en mémoire à Lori, c’est dans un temps ultérieur au récit.

La crainte de folie – le narrateur qui se demande s’il est fou – est un autre thème familier de l’œuvre de Morin, quoique dans une moindre mesure. Il s’agit d’un motif mineur dans « La Petite Blonde au manteau vert » ; autour du fameux rendez-vous avec la jeune femme ainsi vêtue, à mesure que se juxtaposent des détails inexplicables, le narrateur a certes l’occasion de s’interroger sur sa propre santé mentale et surtout sur celle de son interlocutrice qui se prétend désancrée du temps, avec tellement de conviction.

Mais revenons à nos lignes temporelles. Le propos de l’auteur n’étant manifestement pas de nous raconter ce qui s’est passé / se passe / se passera sur les diverses lignes impliquant Lori, son rival anonyme et Hugo, on ne peut certes lui faire reproche de faiblesse ou d’incohérence : douze pages lui suffisent tout juste à nous laisser soupçonner une histoire complexe, comme le ferait un aperçu de deux ou trois minutes d’un film, entrevues par la porte entrebâillée de la salle de cinéma. Avec cette donne, il faut convenir que le texte est réussi, mais on peut aussi imaginer qu’un directeur littéraire aurait su lui faire abréger les premières pages – la question de l’adresse s’avère somme toute mineure – et tirer de lui une évocation, toute brève fût-elle, des enjeux opposant sur d’autres lignes temporelles Lori et son poursuivant au bracelet bleu à motif de tortues. [DS]

  • Source : L'ASFFQ 1996, Alire, p. 151-152.