À propos de cette édition

Résumé/Sommaire
À bord d’un vaisseau spatial, le narrateur se voit confier un œuf par une jeune fille prénubile à moitié nue poursuivie par une meute d’hommes à poil. Quand l’œuf émet un bruit étrange, des jeunes adolescentes vêtues d’un simple cache-sexe viennent entourer le narrateur. Revenue vers lui, la jeune fille ouvre l’œuf qui s’avère vide mais ses mains renferment deux étoiles qui, bientôt, se multiplient. Leurs rayons couvrent le corps des nymphettes qui déploient alors leurs ailes.
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Commentaires
La finale de ce petit conte érotique établit clairement que la scène à laquelle a assisté le narrateur en voyeur impénitent relève du fantasme : « Les yeux n’ont jamais été le miroir de l’âme et nos fantasmes ne valent que parce qu’ils n’ont jamais été vécus. Ainsi les petites filles ailées ne volent-elles que dans le subconscient où voyagent des vaisseaux imaginaires dont les trajets sont illusoires. » Si le fantastique est le reflet de l’inconscient, alors ce texte est résolument fantastique.
Toutefois, quoique le décor de science-fiction, brièvement décrit, ne semble avoir pour fonction que de suggérer la possibilité d’un univers autre que le nôtre, il permet la concrétisation du fantasme érotique doublée de l’expression d’une vision renouvelée de la création du monde.
Ce monde serait païen, lavé du poids du péché originel et de la culpabilité judéo-chrétienne, où le plaisir de la chair, le désir sexuel et la grâce des corps seraient célébrés sans pudeur. Le symbolisme de l’œuf, la course de la petite fille pendant six jours et six nuits et, au septième jour, la métamorphose des jeunes filles qui sont alors dotées d’ailes, tout cela s’inscrit dans une démarche de détournement de sens, de recréation d’un monde d’une perversité délicieuse et assumée.
Le recueil de Marcel Godin multiplie ainsi les courtes vignettes qui se présentent comme autant de contes moraux sur l’amour, la mort, l’existence et la sexualité. Hédoniste, l’écrivain adore mettre le lecteur dans la position du voyeur et ébranler son code de moralité. Il flotte sur « Les Petites Filles ailées » un grisant parfum de Nabokov, fragrance Lolita. [CJ]
- Source : Les Années d'éclosion (1970-1978), Alire, p. 229-230.