Résumé/Sommaire
Léo et Lucie se font offrir des rôles dans le premier film qu’un producteur souhaite diriger lui-même. L’offre est généreuse, mais ils hésitent. Sur le chemin du retour, Léo obéit à une autre volonté et les conduit chez Théo, le frère jumeau du producteur. Pour en savoir plus, Léo accepte de s’installer devant une émeraude et celui-ci a bientôt l’impression de se retrouver à l’intérieur de la pierre verte.
Léo se réveille ensuite dans un nouveau corps à la peau noire, mais il a toujours ses yeux verts originels. Il rejoint la tribu des adorateurs de Skamo et il constate qu’il semble détenir des pouvoirs qui pourraient lui venir du dieu Skamo. Grâce aux rayons projetés par ses yeux verts, il repousse un assaut des Schmis, les ennemis de
la tribu.
Il s’ensuit une série d’incarnations. Il change de couleur de peau et d’identité, il doit parfois se plier à des rituels mystérieux, affronter des puissances supérieures ou choisir son camp dans un royaume dominé par une théocratie. Il finit par comprendre qu’il accomplit une mission dont la finalité reste obscure, mais il apprend petit à petit à exercer ses pouvoirs de manière bénéfique. À la fin, quand sa conscience s’éveille, il comprend qu’il a enfin rejoint une incarnation de Lucie qu’il va pouvoir aimer avec un sens plus aiguisé de ses responsabilités envers elle et envers leur relation.
Commentaires
Même s’il s’agit d’une fiction, le but avoué de l’auteur n’est pas de raconter une histoire, mais bien d’éveiller un « monde intérieur ». La quatrième de couverture prévient d’ailleurs qu’un lecteur convenablement préparé par la méditation, le yoga ou l’ouverture aux « plans supraphysiques » risquera « de vivre d’intenses expériences dites paranormales ». En revanche, si on lit le roman avec la froide objectivité du critique, « rien ne se produira : l’ouvrage ne s’adresse pas à l’intelligence mais à l’être subliminal ».
J’ai dû lire l’ouvrage avec intelligence puisque je n’ai pas vécu de transports particuliers. Le récit est de fait lourd de symboles, à commencer par Léo le lion, sa compagne la lumineuse Lucie, le divin ordonnateur Théo, et ainsi de suite. Toutefois, si on s’en tient à la dimension exotérique du texte, on découvre les incarnations successives de Léo sans comprendre ce qui les sous-tend.
L’intérêt de la lecture est donc miné par l’absence d’un véritable fil conducteur à la portée des lecteurs non préparés à en pénétrer le sens ésotérique. Les péripéties demeurent superficielles et les actions de Léo sont souvent guidées, sinon dictées, par autrui. Comme la finalité de ses aventures reste obscure pour les profanes, les gestes qu’il pose se réduisent à des gesticulations sans valeur particulière. Qu’il sauve une tribu pour se retrouver chez une autre, qu’il défasse une fausse religion pour se promener ensuite comme un dieu dans un cadre qui évoque l’Égypte des pharaons, qu’il vole dans les airs avec des créatures à la peau cuivrée ou qu’il couche avec une déesse, rien n’a de sens si rien n’a de but.
L’écriture est correcte, sans plus, et le style passable, axé sur des descriptions sans relief. Les personnages qui défilent demeurent également superficiels. L’ensemble échappe toutefois au ridicule, de par le sérieux de l’auteur, mais la médiocrité de chaque élément isolé engendre un roman dénué d’intérêt, car il reste trop hermétique pour se prêter ne serait-ce qu’à une analyse anthropologique ou sociologique. [JLT]
- Source : Les Années d'éclosion (1970-1978), Alire, p. 352-353.
Références
- Pettigrew, Jean, Dictionnaire des œuvres littéraires du Québec VI, p. 636-637.