À propos de cette édition

Éditeur
Québec/Amérique
Titre et numéro de la collection
Littérature jeunesse - 34
Genre
Fantastique
Longueur
Novelette
Format
Livre
Pagination
117
Lieu
Montréal
Année de parution
1991
ISBN
9782890375536
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Depuis que leurs parents ont vu à la télé une émission sur la musique et les enfants, tous les jeunes du quartier où habite Galatée doivent apprendre un instrument de musique. Afin de permettre à sa fille de pratiquer le piano qu’elle veut l’obliger à apprendre contre son gré, la sorcière Carabine fait apparaître le piano de Beethoven. Pour éviter l’épreuve quotidienne de la pratique, la jeune Galatée tente d’amener à elle, à son tour, Beethoven. Maîtrisant encore mal l’art de la sorcellerie, elle voit surgir Wagner dans le salon, qu’elle prend pour un bandit puisqu’il parle de « maître chanteur », puis Méphistophélès qui enlève Picote, sa chatte télépathe et changeant de couleur selon son humeur.

Galatée descend aux enfers récupérer Picote. Elle y rencontre d’abord Cradock, une chenille capable de se transformer en n’importe quoi (dont en dragon), puis une porte-cerbère, et enfin Faust et Gœthe jouant aux échecs. Méphisto s’avère un diable peu redoutable. Galatée ramène sans difficulté sa chatte dans le monde normal, puis elle parvient à faire apparaître Beethoven, qui accepte de jouer à sa place. Galatée se rend au parc retrouver ses amis. À son retour, Beethoven a fondé un orchestre heavy metal avec Méphistophélès et la grand-mère de Galatée. C’est au tour de Carabine de se faire disputer par sa mère.

Commentaires

Carmen Marois n’est pas une nouvelle venue à l’écriture. Même si sa carrière a connu une éclipse de cinq ans après la parution de L’Amateur d’art, elle nous rappelle avec Le Piano de Beethoven qu’elle possède un extraordinaire talent de conteuse. À la manière de sa célèbre prédécesseure Shéhérazade, bien qu’à une échelle plus modeste, Marois enfile les chapitres comme autant de morceaux d’histoire à l’intérieur de l’histoire, ce qui permet à l’auteure de lâcher la bride à son imagination. Destiné au public des 8-10 ans, ce roman constitue un délice pour l’intellect, foisonnant d’images et de jeux de mots.

Ici, pas question de réalisme : lorsqu’on réunit sous un même toit trois générations de sorcières, il faut s’attendre à tout. De la science-fiction (une chatte télépathe et métamorphe, une chenille métamorphe) au fantastique (la sorcellerie, Méphistophélès, la descente aux enfers), l’auteure pige dans ces domaines les éléments qui lui plaisent – et qui servent le mieux son imaginaire débridé – pour offrir à ses jeunes lecteurs une fantaisie pure où surnage une évidente influence de Lewis Carroll. Bien qu’une partie de la toile de fond culturelle soit moins accessible aux enfants (les Méphisto, Faust, Gœthe), les jeunes lecteurs sauront apprécier les formules magiques de Galatée ainsi que la bizarrerie de ces personnages.

Si la première partie du roman est plus proche du « quotidien » des enfants – la vie de tous les jours d’une famille de sorcières s’approchant de façon fantaisiste de la vie du « monde ordinaire » –, la suite, les apparitions successives et la descente aux enfers, entraîne le lecteur dans une exploration amusante et remplie de surprises, d’images puissantes mais également inquiétantes : on passe du désert de poudre rouge, image sanglante s’il en est, au monde d’Alice lorsqu’y apparaît (éternuant) la chenille Cradock qui, tout de go, se livre à son spectacle de transformation (n’est-ce pas la fonction première d’une chenille : se transformer ?)

Puis, Galatée nous entraîne avec elle dans le labyrinthe des enfers, jusqu’à nous faire découvrir messieurs Faust et Gœthe, se disputant (le terme est juste) une partie d’échecs avec des pions indisciplinés. Quant à Méphisto au logis, c’est un pauvre diable fatigué, les pieds dans la bassine d’eau, qui a honteusement gâté Picote parce qu’il s’ennuyait… Quoi d’étonnant, par la suite, de le retrouver membre de l’orchestre heavy metal mis sur pied par les sorcières de la « Baguette d’or » (lire : l’âge d’or des sorcières) ?

J’ignore ce qu’en ont pensé les lecteurs appartenant au groupe ciblé par Québec/Amérique. Pour ma part, j’en redemande ! [FP]

  • Source : L'ASFFQ 1991, Le Passeur, p. 115-116.

Références

  • Clerc, Isabelle, Québec français 87, p. 107-108.
  • Lapostolle, Lynn, Lurelu, vol. 15, n˚ 1, p. 27.
  • Lortie, Alain, Solaris 99, p. 74.
  • Martin, Christian, Temps Tôt 21, p. 38.