À propos de cette édition

Langue
Français
Éditeur
Les Quinze
Genre
Science-fiction
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Dix nouvelles de science-fiction québécoise
Pagination
147-164
Lieu
Montréal
Année de parution
1985
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Il y a l'Homme de sable, Thyis et Manévrim. Le premier, Vélissien depuis longtemps émigré, fonctionnaire des Alrimes, apparaît pour guider les deux autres dans leur migration. Ils doivent quitter Vélissi, engoncée dans la nouvelle glaciation, et promener un piège à souvenirs afin de nettoyer la route jusqu'à Staritt, où leur peuple réside maintenant grâce à la générosité des Alrimes. Mais la réalité s'avère différente. L'Homme de sable se blesse gravement en parlant d'interdiction et de naïveté volontairement entretenue, les Vélissiens vivent dans des réserves où on les amoindrit à l'aide de drogues, et les pièges à souvenirs ne sont peut-être qu'une supercherie.

Commentaires

Alternant habilement entre le point de vue de Thyis, Manévrim, l'Homme de sable et un Alrime non identifié, Esther Rochon brosse le tableau d'un génocide calculé, sans toutefois verser dans la morale ou la dénonciation. Avec ce ton nostalgique qui caractérise son écriture, et cette passivité des personnages qui reflète, me semble-t-il, ses positions philosophiques, l'auteure nous entraîne dans une direction inusitée quand on pense au contexte général mis en place. En effet, nous sommes loin de l'action sanglante, de la révolte, ou encore de l'apitoiement, points de vue servant généralement à caractériser les génocides.

Les voix de Thyis et Manévrim restent calmes, posées, ne montrent nulle amertume devant ce qu'ils subissent. Celle de l'Alrime non identifié, qui s'exprime à travers un rapport, ne laisse place à aucun remords : elle expose des faits, des chiffres, elle appartient à un dirigeant qui ne se sent nullement concerné par les états d'âme des objets qu'il manipule. Seul l'Homme de sable, que l'on peut qualifier de collaborateur, a un bref sursaut de révolte. Il sera le seul à vraiment souffrir physiquement et mentalement dans toute cette histoire. Le fait qu'à la toute fin il se remette à chanter l'opéra, son plaisir de jeunesse, est assez éloquent : seule l'acceptation passive de nos actions passées et de celles des autres permet une distanciation assez grande d'avec le réel pour retrouver le bonheur.

« Le Piège à souvenirs » m'a beaucoup plu. Éloquente plaidoirie d'une philosophie de l'acceptation inconditionnelle, plus en affinité avec les menta- lités orientales, il permet au lecteur occidental d'agrandir son champ de vision et de comprendre que l'Homme, dans sa diversité même, reste encore beaucoup plus déroutant qu'un extraterrestre imaginé par un auteur états-uniens ! [JPw]

  • Source : L'ASFFQ 1985, Le Passeur, p. 107-108.

Prix et mentions

Grand Prix de la science-fiction et du fantastique québécois 1986