À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Une narration en « je », au passé, livre l’expérience confuse et manifestement pénible d’un homme tourmenté, à qui il est arrivé on ne sait trop quoi, à qui l’on a fait subir… on n’en sait trop rien, mais c’était malsain. « Alors, mais… qu’est-ce qui se passe ? Je ne parviens toujours pas à comprendre. » Seules quasi-certitudes : il y avait du monde, possiblement des spectateurs, apparemment entassés au point d’être intimement imbriqués. Mutilations, amputations, difformités, réelles ou métaphoriques, se succèdent puis se terminent (sans vraiment se conclure).
Commentaires
Dans mon inculture littéraire, j’ignore si Maurice Soudeyns, plus tard cofondateur d’XYZ, la revue de la nouvelle, se réclamait de la même mouvance que Louis-Philippe Hébert, mais je n’ai pu m’empêcher de faire cette analogie à la lecture de la présente « Pirouette ». J’ai eu à lire, pour un tome de L’ASFFQ, un plein recueil de « récits » de la même eau, signés L.-P. Hébert. J’y retrouve l’impossibilité de résumer le texte, de dire sommairement ce qu’il raconte. On se résigne à relever des leitmotivs, des dominantes : éléments anatomiques, physiologiques, médicaux, sensation désagréable de paralysie devant une forme diffuse de torture, tout cela au sein d’une foule, peut-être d’un cirque. Quelques échappées d’une sexualité crue, quelques images indéniablement poétiques, quelques métaphores tourmentées, témoignent d’une intention, d’une pensée, toute fragmentée soit-elle.
Ça et là on lit des phrases dotées de sens, assez pour qu’on soupçonne des erreurs de transcription : « piétinent » là où on devait probablement lire « précèdent » dans « De lourdes enjambées de rumeurs piétinent mon arrivée ». En vérité, les phrases sensées ne sont pas si rares, dans ces deux pages. C’est leur enchaînement qui est problématique, évoquant le cauchemar bien plus que le récit ou, mieux encore, une succession de culbutes sur une pente cahoteuse. [DS]
- Source : Les Années d'éclosion (1970-1978), Alire, p. 375-376.