À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
François Guérin, un natif de la Nouvelle-France, a été contacté et recruté par des extraterrestres venus de la planète Err-Hêt. Trois siècles plus tard, éternellement jeune grâce à leur technologie, il est un de leurs agents sur Terre, œuvrant pour la paix, et qui peut se vanter d’avoir plusieurs fois vaincu de dangereux malfaiteurs. Il est accompagné de l’Err-Hêtienne nommée Eksk-Hiz, devenue sa compagne, et d’un autre humain, Paul.
François communique régulièrement avec leur contact Akk-Thiph, sur Err-Hêt, par l’entremise d’un amplificateur de pensée – ses habitants sont télépathes. Or, ce contact devient soudain sporadique, et Akk-Thiph évoque des difficultés graves. Inquiets, François et Eksk-Hiz partent pour Err-Hêt, laissant Paul derrière. Pendant ce temps, sur la lointaine planète, Akk-Thiph et ses alliés sont assiégés par des forces anti-gouvernementales dont les rayons destructeurs finissent par vaincre leur protection magnétique. Tout serait-il perdu ?
François et Eksk-Hiz, au terme de leur voyage, observent des flottilles de guerre en orbite : Err-Hêt, la planète du pacifisme, aurait-elle changé à ce point ? Ils se posent discrètement aux antipodes de la capitale Laerth-Nom, dans une région semi-désertique. Les oasis où vivent les cultivateurs sont maintenant soumis par des gardes qui forcent la population à travailler sans relâche et confisquent toute production. Nos amis prennent contact avec des résistants et finissent par atteindre le QG des rebelles, où ils retrouvent Akk-Thiph et ses camarades, qui ont pu fuir leur forteresse in extremis.
Akk-Thiph leur explique que l’on a découvert fortuitement que les puissants alliés d’Err-Hêt, les Seekyans, pratiquaient secrètement l’esclavage sur certaines de leurs planètes. Il s’est avéré que le gouvernment d’Err-Hêt était au courant de ces pratiques mais préférait fermer les yeux. Le peuple a forcé la démission de leur gouvernement et Akk-Thiph a été élu à la tête de la planète. Les Seekyans ont répondu aux pressions diplomatiques par un blocus commercial qui a forcé un sévère rationnement sur Err-Hêt. Par suite du mécontentement du peuple, l’armée a pris le pouvoir.
Lors d’une réunion des rebelles, on renonce à développer des armes létales pour lutter contre l’oppression, leur préférant des paralyseurs améliorés. François constate que ces rebelles manquent de perspective car ils ne souhaitent que revenir à leur ancien état d’abondance. Peu après, on apprend que les Seekyans ont localisé le QG des rebelles et qu’ils vont le frapper avec une arme terrible : un micro-trou noir, au risque de désintégrer Err-Hêt. François exhorte les rebelles à se disperser à travers la planète et à recruter progressivement des alliés à leur cause ; toutefois, leur but ne doit plus être un soulèvement armé, mais bien l’éducation des gens pour leur apprendre à être justes et fraternels, à renoncer à leurs privilèges attribuables à l’exploitation des autres populations. Les rebelles quittent le camp ; l’arme des Seekyans frappe, détruit le QG, mais Err-Hêt survit. François et sa compagne retournent à leur vaisseau et quittent Err-Hêt, pour retourner au Québec.
Commentaires
Il est difficile d’adresser certaines critiques à l’égard de la littérature jeunesse, puisque son public est justement jeune et donc souvent naïf. Ainsi, un lecteur candide pourrait trouver astucieux les jeux de mots dans l’onomastique de cette série quand moi, ils me font grincer des dents. De même, je comprends que l’auteur n’avait pas toute la place voulue pour une construction de monde compliquée. Toutefois, même en acceptant qu’une certaine naïveté soit appropriée, voire inévitable, dans les descriptions de vols intergalactiques et de super-technologies, j’ai du mal à avaler les rayons désintégrants et les boucliers magnétiques, les planètes privées que l’on reconnaît à leurs champs en forme d’étoiles, et une planète en état d’alerte militaire incapable de déceler un vaisseau ennemi qui se pose depuis l’orbite parce que c’est commode pour l’histoire.
Toujours dans la commodité, je me demande pourquoi « Actif » n’a pas jugé bon d’informer ses agents qu’il avait été élu chef de la planète entière, ni de leur dire qu’un putsch militaire le menaçait. Sans parler du fait que François et son « Exquise » se sont posés pas très loin du QG secret de la rébellion.
On n’a pas affaire à une histoire très palpitante ici, car François tâtonne longtemps avant de retrouver son ami par pur hasard, et ne joue un rôle qu’au moment de livrer un prêche empreint de sagesse aux rebelles mal conscientisés. La frappe du micro-trou noir est un moment enlevant, même si elle est un peu absurde. Une façon beaucoup moins risquée de détruire spectaculairement les rebelles, et sans leur accorder un préavis de 24 heures bien commode, aurait été de larguer une bombe atomique sur leur QG. Si on peut contrôler un trou noir, on peut certainement fabriquer un missile nucléaire, non ?
Reste l’argument politique, et là, avec le recul de quatre décennies, je suis presque réduit au silence. Certes, c’est un peu ridicule d’expliquer aux Err-Hêtiens qu’ils devront boycotter la laitue frisée pour triompher de leurs oppresseurs. Cependant, le constat central du livre, que l’abondance de certaines planètes s’obtient en exploitant les autres – et la comparaison avec les nations développées de la Terre en est faite explicitement –, reste tout aussi pertinent maintenant. Encore plus quand on note que La Planète sous le joug précède de trente et quelques années le « supply-side economics » et l’engouement imbécile pour l’austérité qui ont légué au monde occidental sa peu reluisante situation actuelle.
Je doute que l’idée proposée par François d’apprendre la justice et la bonté aux hommes soit particulièrement efficace pour surmonter la bêtise et la haine – les jeunes qui ont lu ce livre sont-ils devenus des adultes moins égoïstes que la moyenne ? – mais je me demande s’il y a vraiment une meilleure approche. [YM]
- Source : Les Années d'éclosion (1970-1978), Alire, p. 387-389.
Références
- Lortie, Alain, Requiem 19, p. 18.