À propos de cette édition

Éditeur
Solaris
Genre
Science-fiction
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Solaris 100
Pagination
27-33
Lieu
Hull
Année de parution
1992
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Après une longue absence, l’Éryméen Nicolas Dérec revient sur Terre pour effectuer, en compagnie d’une amie, une transaction pro-environnementale. Sans révéler leur identité, les Éryméens fournissent des dispositifs de filtration et de purification aux grandes entreprises terriennes, et ce, à des prix ridicules. Dérec redécouvre un Montréal méconnaissable tellement il a dépéri depuis les années 1970. Les pluies acides ravagent l’environnement et imposent de nouveaux modes de vie ; le chômage, la pauvreté, la violence et la criminalité semblent hors de contrôle. Lors de la transaction, Dérec rencontre un vieil ami, Roger Clavel, militant auprès des écolos.

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Commentaires

À la lecture de cette nouvelle publiée dans le numéro que Solaris a consacré au 350e anniversaire de Montréal, le seul nom de Nicolas Dérec suffit à me chatouiller l’esprit. Daniel Sernine m’obligeait-il, une fois de plus, à un trajet en boucle à l’intérieur de son « œuvre éryméenne » ? Je connaissais Nicolas Dérec. Pour cause ! Il jouait un rôle principal dans le premier roman pour adultes de Sernine, Les Méandres du temps (Le Préambule, 1983). L’histoire se déroulait à la fin des années 1970 et se terminait par le départ précipité de Dérec pour Argus. Dans « Pluies amères », nous sommes au tout début du XXIe siècle. Un quart de siècle s’est écoulé. Notre héros aura donc décidé de revenir prendre le pouls de Montréal…

La dégénérescence de la ville et des conditions de vie, causée par la pollution et une situation économique désastreuse, constitue le sujet premier de « Pluies amères ». La vision est pessimiste, à l’extrême. Le décor ? Une violence manifeste, quotidienne, aucunement camouflée ; une pauvreté qui affecte les infrastructures mêmes de la Ville, un environnement insalubre et dangereux – les pluies sont d’une acidité telle qu’elles brûlent ce qu’elles touchent. La métropole ressemble à un vaste dépotoir. Les arbres dépouillés se rencontrent à l’année. La misère et la douleur se sont emparées de la ville, sous le voile continu de la pluie amère d’une journée d’automne. Et Nicolas Dérec observe, avec défaitisme, cette plaie vivante qu’est devenue Montréal. Dans son esprit, la transaction effectuée dans la journée n’aura fait que retarder l’échéance ultime.

Sernine serait-il fasciné par les visions cauchemardesques ? Tout l’arsenal apocalyptique se trouve réuni. Sans nuance. Pluies torrentielles dévastatrices, détritus flottant sur des mares acides, rues et trottoirs non entretenus, nombreux individus cherchant à survivre aux pluies (plaies) acides… Et puis, dans la même demi-journée, notre héros nostalgique piétine par mégarde des sans-abri dont l’un reste sans réaction ; il se fait agresser par de jeunes adolescents puis découvre, dans un terrain vague, un cadavre à moitié rongé par l’acidité. Enfin, il reconnaît, parmi le groupe d’écolos venus assister à la transaction, son vieil ami Clavel (Les Méandres du temps) qu’il avait quitté précipitamment 25 ans plus tôt. Sernine cherche trop à dire, à montrer.

« Pluies amères » est un texte de description, de nostalgie. Dérec observe, rumine, déchante. Mais le lecteur, lui, reste étranger au malaise et à la grande tristesse du personnage. En somme, une histoire triste comme la pluie, et qui laisse un goût amer de déception. [RP]

  • Source : L'ASFFQ 1992, Alire, p. 176-177.