À propos de cette édition

Éditeur
L'instant même
Genre
Science-fiction
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Horoscopiques
Pagination
161-177
Lieu
Longueuil
Date de parution
28 mars 2022

Résumé/Sommaire

Il a grandi dans une grosse famille entassée dans un logement exigu. Il a gardé de cette période une fascination, voire une obsession pour la miniaturisation. Devenu adulte, il possède une animalerie dans l’arrière-boutique de laquelle il développe minutieusement un projet ambitieux et extravagant : réduire la taille des humains à celle d’un homoncule et adapter celui-ci à un milieu totalement aquatique.

Commentaires

« Poissons » est une nouvelle de science-fiction même si le texte ne fournit aucune explication scientifique sur la façon dont s’y prend le propriétaire de l’animalerie pour créer un homoncule. Pourquoi science-fiction et non fantastique ? Parce que le temps est au cœur du texte et qu’il s’agit là d’un thème majeur de la science-fiction. L’expérience menée par le protagoniste de la nouvelle vise en quelque sorte à inverser le cours du temps, à enclencher une régression de l’espèce humaine jusqu’à son origine lointaine, quand elle vivait dans l’eau. En outre, le personnage souscrit un peu à l’image du savant fou qui ne s’embarrasse pas des questions éthiques que soulève son projet.

Ce n’est pas tout. Dans le prologue qui fait deux fois la longueur de la nouvelle, Gilles Pellerin se livre à l’exercice de la question fort riche et divertissante : et si ? Si telle personne n’avait pas fait partie de la trame de mon récit de vie, que serais-je devenu ? « Si le Québec s’était dit oui ? » Voilà le genre de questions associées à la science-fiction. C’est aussi l’occasion pour l’auteur de méditer sur la fragilité de l’existence humaine, sur les traces qu’on laisse (ou pas) après notre passage sur la Terre. Il sait reconnaître les moments privilégiés de la vie comme être ému aux larmes devant la beauté de la Sainte-Sagesse de Constantinople ou avoir la joie d’assister à la naissance de ses enfants.

La forme hybride des nouvelles d’Horoscopiques, œuvre de maturité qui a l’apparence d’un bilan, surprend agréablement. La première partie tient de la chronique en livrant des observations judicieuses sur la culture, l’enseignement et la société en général, observations nourries d’une érudition qui ne cherche pas à impressionner. Rarement y lit-on un récit qui ferait double emploi avec la deuxième partie présentant des caractères (salutations à La Bruyère !). [CJ]