À propos de cette édition

Éditeur
Solaris
Genre
Science-fiction
Longueur
Novelette
Paru dans
Solais 107
Pagination
36-46
Lieu
Ville-Marie
Année de parution
1993
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Le narrateur est épris d’une statue d’Edgar Degas intitulée La petite danseuse de quatorze ans, de son nom Marie van Goethem. Il en parle à un étranger compagnon de traversée. L’autre lui parle en retour des trous de ver qui permettraient de voyager dans le temps : des extraterrestres ont laissé un tel dispositif sur la face cachée de la Lune ; il fait lui-même partie d’une organisation secrète qui l’utilise pour des voyages temporels. Il propose au narrateur de l’envoyer en 1883 rencontrer Marie, puis s’éclipse.

La navette spatiale est au rendez-vous au Chili. Pendant le trajet vers la Lune, le narrateur apprend que l’organisation est employée par une fondation philanthropique désirant mettre sur pied une bibliothèque universelle de l’histoire écrite de la Galaxie. Une fois rendu à Paris en 1883, le narrateur cherche et trouve Marie, qui se laisse séduire. Les lingots du narrateur s’épuisent mais il a un plan : il repart avec Marie dans la navette. Une fois sur la Lune, ils se font pincer. On leur offre de retourner en 1883 ou en 2103. On ne leur garantit cependant pas ce qu’ils trouveront dans le futur, apparemment incertain. Le narrateur laisse Marie choisir, et celle-ci choisit le futur.

Commentaires

Ce n’est pas pour rien que le narrateur évoque Verne et Robida : il règne dans ce texte un petit parfum dix-neuvième siècle des plus réjouissants, à commencer par l’introduction canonique, cette rencontre entre deux étrangers un peu éméchés lors d’une traversée en mer. La facilité avec laquelle le narrateur abandonne sa vie normale pour se jeter dans l’aventure renforce cette impression, comme l’aisance avec laquelle on répond tout du long aux questions inévitablement suscitées par l’Étonnante Machine – ici jumelée avec une Étonnante Découverte.

Il y a dans ce texte une sorte de jubilation dans l’invention, l’impression que l’auteur fabrique à mesure qu’il va – tout en le faisant avec bonheur, sans jamais laisser tomber les boules avec lesquelles il jongle. C’est un aspect de Trudel qu’on connaît moins, non seulement dans le registre plus intimiste du sujet principal – une histoire d’amour en bonne et due forme après tout, même si l’on appelle à sa rescousse des phénomènes cosmiques, une civilisation galactique, le voyage dans le temps et la face cachée de la Lune ! – mais aussi dans l’humour discret avec lequel l’auteur joue avec sa matière et en rajoute avec effusion, fort conscient de ses modèles et des échos éveillés dans l’esprit du lecteur.

Ce qui ne l’empêche nullement, bien entendu, d’asséner avec le plus grand sérieux (et un sourire en coin, donc : il a fait de son narrateur amoureux mélancolique un professeur de littérature fort ignorant des sciences…) les explications scientifiques et pseudo-scientifiques les plus détaillées sur le fonctionnement de ses navettes, de ses trous de ver ou de sa Fondation Galactique.

Bref, et voilà un adjectif que je n’aurais jamais pensé pouvoir appliquer à la fiction de Trudel, il s’agit là pour moi d’un texte charmant. [ÉV]

  • Source : L'ASFFQ 1993, Alire, p. 184.