À propos de cette édition

Éditeur
Odyssée
Genre
Fantasy
Longueur
Nouvelle
Format
Extrait
Paru dans
Odyssée 8
Pagination
non paginé [15-19]
Lieu
Bruxelles
Année de parution
1978
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Un homme entre dans une taverne et avise une jeune femme qui se trouve seule à une table. C’est à elle, Trinit-Tayinn, qu’il confiera la tâche de transmettre le message qu’il porte aux autorités de la capitale. Il lui raconte qu’au cours des vingt-cinq dernières années, il s’est employé sans relâche et dans le dénuement le plus complet à murer l’entrée du temple consacré à Haztlén, dans l’île de Vrend, à la suite de la mort du dernier prêtre.

Commentaires

« La Porte du temple » est un court extrait de L’Épuisement du soleil qui paraîtra en 1985 dans son intégralité après avoir été publié en partie en feuilleton dans quatre numéros d’imagine… L’épisode raconté ici ne relève pas à proprement parler de la science-fiction même si les noms ont une consonance étrange et que le monde décrit n’évoque aucun pays connu. Cependant, le roman dont il est tiré le dispense de tout passeport.
Le récit que fait l’homme à Trinit-Tayinn, une jeune prostituée, est un événement central du roman puisqu’il est lié à la malédiction du dieu Haztlén à l’endroit du peuple asven. La recherche de la statue du dieu sera au cœur de la quête de Taïm Sutherland.
La caractérisation des deux personnages de l’extrait correspond aux attributs habituels des « héros » rochonniens. Ils sont, à leur corps défendant, les instruments du destin. L’homme s’est senti investi de la colère du dieu à l’égard des hommes qui l’ont oublié dans sa folle entreprise de murer l’entrée du temple qui se trouve à l’intérieur d’une grotte. La jeune fille, dont le statut social n’a rien de recommandable, est choisie au hasard par l’homme pour recueillir ses propos et les rapporter éventuellement au gouvernement.
« La Porte du temple » contient sous son apparente banalité une critique de la perte des repères et des traditions sous l’assaut de la modernité. Le matérialisme chasse le besoin de spiritualité en transformant celui-ci en objets de commercialisation. Mais l’auteure blâme aussi les prêtres, trop repliés sur eux-mêmes et incapables de reconnaître les qualités humaines de ceux qui n’appartiennent pas à leur caste – comme celui qui les a servis loyalement toutes ces années –, pour le déclin des valeurs spirituelles.
Les personnages d’Esther Rochon accomplissent humblement leur destin. C’est leur récompense, cette satisfaction d’avoir mené à terme leur mission, et c’est ce qui donne un sens à leur vie. C’est peut-être cela, la définition du bonheur. [CJ]

  • Source : Les Années d'éclosion (1970-1978), Alire, p. 340-341.