À propos de cette édition

Éditeur
Samizdat
Genre
Science-fiction
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Samizdat 16
Pagination
66-69
Lieu
Longueuil
Année de parution
1989
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Depuis des années, à la mort de chaque citoyen, l’Institut de la Recherche Médicale recueille la tête des cadavres pour les soumettre à l’action d’un mystérieux appareil. La raison : étudier le passage de la vie au trépas. Mais c’est en vain que l’on enregistre les messages incohérents qui apparaissent fantomatiquement sur les écrans de l’Institut, personne ne parvenant à les décrypter. Jusqu’au jour où, à la mort d’un brave père de famille, le mot AMOUR apparaîtra avec force sur tous les écrans. Message qui suscite l’espoir, mais qui n’aura pas les effets bénéfiques escomptés…

Commentaires

L’esprit de contradiction est-il si puissant ? Fredric Brown, dans une de ses nouvelles mémorables, illustrait qu’un ordre très simple – « Ba­garrez ! » – d’origine incertaine mais diffusé sur toutes les radios du monde, suffisait à ramener la paix sur toute la Terre. Les pays étaient bien prêts à faire la guerre, mais de leur propre chef, pas à la suite d’un ordre anonyme.

Dans « Poste mortelle », François Brisebois prend le contre-pied du texte de Brown : l’humanité ne peut supporter que la révélation ultime qui traverse la frontière de la mort ne soit que le mot « amour ». La joie initiale ne sera que de courte durée et fera rapidement place à la déception : les familles seront brisées, bagarres et guerres fratricides éclateront, l’hu­manité ne s’en sortira qu’en brûlant la technologie responsable de cette découverte, brûlant les derniers restes d’amour par la même occasion.

Le thème est assez original, on en convient, mais peut-être un peu trop ambitieux pour un premier texte. Si l’écriture est prometteuse et nous fait souhaiter d’autres textes de Brisebois, les développements de l’intrigue sont un peu forcés, pas très crédibles parce qu’arbitraires.

L’auteur a 30 ans, nous explique la présentation : doit-on y voir le désenchantement d’une génération qui a cru que « l’amour changerait le monde » ? C’est peut-être parce que cette génération a donné à ce pauvre mot de cinq lettres une interprétation à la fois trop restrictive et trop angélique ; l’amour ne se confine pas au sexe, il y a aussi l’amitié, l’amour fraternel, l’amour de sa patrie ; l’amour n’est pas un état stable de conten­tement béat, c’est un processus qui nécessite sa juste dose de travail et de lucidité.

Je conçois que l’auteur ne cherchait pas le réalisme. Mais même une parabole – surtout une parabole – se doit de nous frapper par une force d’évidence. Moi, je n’y ai pas cru, désolé… [JC]

  • Source : L'ASFFQ 1989, Le Passeur, p. 39-40.