À propos de cette édition

Éditeur
L'A Venir
Genre
Science-fiction
Longueur
Novelette
Paru dans
Sourires
Pagination
69-85
Lieu
Bromptonville
Année de parution
1994
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Des cas de quand-cerf apparaissent dans la communauté de P’tite Tête. Les dirigeants décident de regrouper les malades dans un village isolé au cœur de la Forêt Noire. Peu de temps après, le chroniqueur officiel de la Multi-Têtes, Maître Berge Rak, doit prendre à son tour la route du village des Boisés. Révolté par l’indigence des lieux, il s’occupe, avec l’aide du midesaint en place, de réorganiser la vie des malades et de créer un environnement social qui leur procurera une meilleure qualité de vie.

Commentaires

« La Pousse des bois » s’inscrit dans le prolongement de Changement de régime et pourrait même constituer le quatrième fragment des Chroniques de P’tite Tête (sous-titre du recueil). Aussi Christian Martin ne s’embarrasse pas de préciser l’arrière-plan de sa nouvelle, convaincu de s’adresser à des lecteurs familiers de son œuvre. Je conseillerais à ceux qui ne le sont pas de consulter la recension du recueil dans L’ASFFQ 1992.

On est ici dans un registre léger, un univers qui tient autant de la BD (un croisement d’Astérix et des Schtroumpfs) à cause des noms propres et des titres de fonction systématiquement déconstruits ou caricaturaux – Dhé Pippé, joueur invétéré, Rat Houle, Geai Rôme, Vak Hanssier, midesaint (médecin) de Bi-Quinny – que du conte moral pour enfants par son ton frivole. Cet humour n’est pas subtil pour deux sous mais Christian Martin propose quelques trouvailles intéressantes et rigolotes comme cette maladie du « quand-cerf », affreux jeu de mots heureusement racheté par la manière dont elle se manifeste : des bois de cerf poussent sur la tête de ceux (uniquement des hommes, incidemment, sans que cela soit expliqué) qui en sont atteints.

Malgré cet humour de carabin qui aurait pu masquer le propos, on perçoit une empathie et un élan de solidarité envers les malades, soutien moral qui peut s’avérer parfois plus efficace que les médicaments. On se surprend, à la fin, d’être ému par la mort de Maître Berge Rak, en rémission de son cancer depuis vingt ans, qui a sauvé le village des Boisés de son isolement et qui, par son action humanitaire, a redonné aux malades leur dignité. C’est aussi, me semble-t-il, un coup de chapeau aux aidants naturels.

Il serait sans doute exagéré d’y voir une critique du système de santé au Québec ou de la façon dont on traite les vieux, tant la visée première de la nouvelle est de divertir et les solutions proposées, trop peu développées ou irréalistes. N’empêche, Christian Martin serait médecin, on ferait une lecture différente de « La Pousse des bois », plus attentive à la critique sociale en sourdine qu’elle exprime. [CJ]

  • Source : L'ASFFQ 1994, Alire, p. 125-126.